HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES

Par une nuit d'Halloween, à Haddonfield, un jeune garçon est saisi de folie meurtrière. Quinze ans plus tard, il s'échappe de l'asile psychiatrique.

 

 

Réalisation : John Carpenter

Scénario : John Carpenter et Debra Hill

Photographie : Dean Cundey

Musique : John Carpenter

Durée : 90 minutes

Production : Moustapha Akkad, John Carpenter, Debra Hill

Date de sortie : 1978

Genre : Slasher

 

 

Donald Pleasence : Sam Loomis, Jamie Lee Curtis : Laurie Strode, Tony Moran : Michael Myers adulte, Nancy Loomis : Annie, Nancy Stephens : Marion Chambers, Nick Castle : le boogeyman, Charles Cyphers : shérif Brackett, P. J. Soles : Lynda

 

Peu de films ont révolutionné le cinéma d'angoisse comme HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES l'a fait. Père spirituel du slasher movie, sous-genre prolifique qui donnera naissance à des centaines de productions de qualité très variable, le long-métrage de JOHN CARPENTER demeure l'un des plus beaux témoignages du talent de son réalisateur, espoir du cinéma de suspense (le formidable ASSAUT avait déjà laissé entrevoir quelques fantastiques éclairs de génie) qui allait pour de bon s'imposer comme l'un des grands ténors de l'horreur avec son nouveau bébé.

La mise en scène frappe par sa maestria. Ouvrant les hostilités par un inoubliable plan-séquence en vue subjective, John Carpenter noue immédiatement une relation privilégiée avec le public, témoin oculaire d'un meurtre brutalement incompréhensible. À la fois cauchemardesque et déviante (l'identité de l'assassin a de quoi interloquer), cette mise en bouche compte parmi les plus immersives du septième art, le cinéaste combinant technique novatrice (en l'occurrence, le steadicam, utilisé avec une félinité diabolique) et émotion avec une ferveur qui se répand comme une traînée de poudre.

Sitôt ingurgité ce qu'il faut bien considérer comme un choc, une interrogation vient instantanément jouer au trouble-fête : comment le metteur en scène va-t-il s'y prendre pour surpasser cette étonnante entrée en matière ? La réponse se trouve dans les multiples ruptures de ton du long-métrage, qui se révèlent suffisamment habiles et inattendues pour que le spectateur n'ait pas l'impression de s'aventurer dans un territoire conquis d'avance.

Les deux protagonistes principaux traduisent à merveille cette volonté d'amener la production vers des contrées inexplorées. Rarement le mal aura revêtu un masque aussi imprévisible que celui recouvrant le visage de MICHAEL MYERS, fantôme errant telle une âme en peine dans les rues d'Haddonfield. Rarement le masque de la vertu et le masque de la peur se seront confondus avec plus d'intensité que dans le moi profond de la jeune LAURIE STRODE (JAMIE LEE CURTIS, en symbiose totale avec son personnage), vierge confrontée pour la première fois de sa vie à la Grande Faucheuse, la vraie, pas celle que les adolescents s'échinent à célébrer durant le soir d'Halloween. La lutte entre les deux entités sera terrible.

Nimbée d'un esthétisant cinémascope 2.35 à l'intérieur duquel le jeu du chat et de la souris paraît à la fois spacieux (les plans larges procurent une sensation d'infinie grandeur) et restrictif (aucun protagoniste ne semble être en mesure de quitter le "terrain de jeu" que le boogeyman a délimité), l'œuvre exhale une poésie macabre, une grâce (le thème musical est envoûtant), mais aussi une violence qui va crescendo. Jusqu'à la catharsis finale, summum de terreur que des dizaines de slashers ont tenté de décalquer. Sans jamais en retrouver la folie furieuse.

Après avoir passé la majeure partie de son temps à scruter ses futures proies, Michael Myers va en effet concrétiser les pires espoirs que son psychiatre (SAM LOOMIS, incarné par un DONALD PLEASENCE dont la silhouette rassurante n'a d'égale que la force de persuasion) avait placés en lui, laissant éclater une brutalité qui n'attendait qu'une seule chose : le réveil du stimulus sexuel qui l'avait jadis poussé à massacrer sa sœur à coups de couteau. Soit une conclusion magistrale. Tentant tant bien que mal d'échapper à l'implacable machine lancée à ses trousses - ses hurlements traduisent un état d'anxiété extrême -, la damnée Laurie Strode rejoint le clan très prisé des grandes héroïnes du cinéma d'horreur, emportant dans sa frénésie un spectateur tout entier acquis à sa cause... et à celle de son assaillant, boogeyman soulevant quelques questions passionnantes.

Alors, Michael Myers est-il un homme de chair et de sang ou un fantôme condamné à déambuler encore et encore ? La réponse se trouve dans les derniers plans du long-métrage, seuls à même d'éclaircir l'essence du tueur ubiquiste, créature insaisissable qui s'est abattue sur les âmes d'Haddonfield au moment où plus personne ne l'attendait. Au final, Halloween, la nuit des masques de John Carpenter se présente comme le classique ultime du slasher, genre qu'il aura façonné de A à Z. Les psychopathes assoiffés de vengeance, les adolescents libidineux, les massacres à l'arme blanche et la figure quasi iconique de la jeune héroïne virginale ont ainsi trouvé matière à s'entrechoquer jusqu'à la fin des temps.

 

★★★★★

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Commentaires: 24
  • #1

    Raphaël (lundi, 07 avril 2014 21:39)

    "le réveil du stimulus sexuel qui l'avait jadis poussé à massacrer sa soeur à coups de couteau."

    >> Roh, non ! Ne me dis pas que toi aussi tu fais partie de ces gens qui considèrent Myers comme un simple frustré sexuel ?
    Sinon, excellente critique, comme d'hab.

  • #2

    theblackscreen (lundi, 07 avril 2014)

    Je pense surtout que Michael Myers est un individu multi-facettes... Mais pour répondre à ta question : oui, je le considère comme une sorte de frustré sexuel. N'oublions pas que c'est le premier rapport sexuel de sa sœur qui a fait de lui la furie qu'il est devenue par la suite. Pourquoi ne l'a-t-il pas tué avant ? Et surtout, pourquoi les ados et les adultes qui copulent le rendent-ils fou de rage ?

  • #3

    Raphaël (lundi, 07 avril 2014 23:25)

    Personnellement je ne le vois pas du tout comme ça. Il est suffisamment bien décrit par Loomis comme quelqu'un qui a toujours eu le mal en lui, qui ne ressent rien, qui n'a plus aucune notion du bien, du mal, du vrai, du faux, de la vie et de la mort. Je pense que le faire tuer sa soeur peu avant qu'elle ait eu un rapport est totalement anodin, et il ne tue pas que ceux et celles qui copulent. Certes cela arrive souvent, mais c'est avant tout l'un des nombreux codes du slasher, je le prends comme une simple coïncidence. Moi je vois avant tout Myers comme le Diable incarné, qui se fout des jeunes ayant des ébats sexuels, il n'est pas un frustré car il n'est pas humain, comme dirait Loomis. Après, chacun sa vision du personnage, moi en tout cas, je ne le vois pas du tout comme un frustré. Tout simplement comme l'incarnation du Diable faite "homme".

  • #4

    Raphaël (lundi, 07 avril 2014 23:29)

    peu après *

  • #5

    theblackscreen (lundi, 07 avril 2014 23:49)

    C'est une vision tout à fait respectable et intéressante du personnage. Mais me concernant, je continue de penser qu'un individu (même Myers) ne devient pas le Diable par hasard et que derrière chaque crime se cache un malaise qui trouve sa source quelque part - dans le cas présent, l'enfance. Cela dit, on est bien d'accord sur le fait que le Michael Myers adulte n'a pas grand-chose à voir avec un serial-killer lambda.

    "Certes cela arrive souvent, mais c'est avant tout l'un des nombreux codes du slasher, je le prends comme une simple coïncidence."

    Je pense surtout qu'il y a eu une récupération de tous ces codes dans les épisodes suivants, épisodes qui ont pas mal perverti l'héritage du film original. C'est pour cela que j'aime isoler le long-métrage de Carpenter des autres.


  • #6

    Raphaël (mardi, 08 avril 2014 11:14)

    L'enfance... un point de vue intriguant. Bien dommage que Rob Zombie en a fait quelque chose de mauvais en plaçant Myers, censé être le Mal, en une simple victime à l'esprit vengeur. Ça dénature totalement ce qui fait sa force... On en apprend aussi un peu plus sur Myers et son enfance dans Halloween Resurrection, comme quoi il aurait été mal traité. J'suis pas non plus fan de cette version, à vrai dire, à vouloir chercher des explications sur le pourquoi du comment, cela a tendance à ruiner ce qui fait la force des méchants et des anti-héros. Ça me fait d'ailleurs pensé à The Dark Knight, où Nolan a parfaitement eu raison de montrer un Joker s'amusant avec les histoires de son passé et en faire un méchant sorti de nulle part. Ça le rend encore plus terrifiant. Moi, je préfère me dire que Myers est né avec un esprit machiavélique et une force diabolique, où la mort elle-même refuse de le prendre dans les bras. "Tout au fond de moi, je savais bien que l'enfer ne voudrait jamais de lui...", une phrase prononcée par Loomis dans H5, qui résume le tout parfaitement !

  • #7

    theblackscreen (mardi, 08 avril 2014 14:10)

    Comme tu le sais déjà, je suis d'accord avec toi sur la version de Rob Zombie. A force de tout vouloir expliquer, de tout vouloir rationaliser, on finit par faire perdre de sa force au mystère. C'est pour ça que j'aime autant la vision de Carpenter. Le réalisateur laisse planer le doute sur la personnalité de Michael Myers. Jamais il ne cherche à expliquer les raisons de son acte, préférant laisser de nombreuses portes ouvertes. Personnellement, j'aime à croire que le boogeyman est devenu une force du mal suite au premier meurtre qu'il a commis. J'aime aussi à penser que le meurtrier s'est métamorphosé en une sorte fantôme à la toute fin, quittant le monde des vivants pour celui des morts. Les derniers plans du film - les plans fixes - tendent d'ailleurs à confirmer cette hypothèse. On a carrément l'impression que l'emprise de Myers s'étend désormais sur tous les décors qui ont servi de base au long-métrage. C'est pour cela que j'ai toujours un peu de mal à enchaîner sur Halloween 2, film refaisant de l'assassin un simple homme de chair et de sang...

  • #8

    Raphaël (mardi, 08 avril 2014 14:29)

    Je comprends tout à fait ton point de vue. D'ailleurs, je pense pareil, même si pour moi, Halloween 2 n'était pas totalement inutile. Certes, le 1 pouvait largement se suffire à lui-même, mais je trouve que le 2 a pris un chemin assez similaire, apportant certes de nouveaux éléments mais dans la bonne lignée du premier. Ce qui est assez bien fait, c'est que les respirations à la fin du 1 peuvent être celles de Myers en train de marcher au tout début de Halloween 2, histoire de se dire qu'après les coups de feux du 1, il est de nouveaux quelque part d'autre à Haddonfield, et Halloween 2 a su gérer ça. Faut dire que l'ambiance du 2 est particulièrement angoissante, c'est très clairement l'un de ses points forts. Après, je te comprends, on peut avoir du mal à enchaîner sur la suite si on trouve que le premier est trop bien pour avoir un nouvel opus qui le suit. Personnellement, je trouve que les deux s'enchaînent merveilleusement bien.

  • #9

    Raphaël (mardi, 08 avril 2014 14:34)

    Sinon, histoire de faire mon chieur, tu t'es trompé dans le casting : ce n'est pas Tony Moran qui joue Michael Myers adulte mais bien Nick Castle, le vieux et fidèle compère de Carpenter. Bon, je dois dire que tu n'as pas totalement tort non plus, étant donné que Moran incarne Myers à visage découvert. Mais le principal reste Nick Castle. ^^

  • #10

    theblackscreen (mardi, 08 avril 2014 15:18)

    Tu as tout à fait raison de pinailler, j'aime bien quand les choses sont carrées. En fait, plus qu'une erreur, il s'agit d'une sous-estimation du rôle de Nick Castle au profit de celui de Tony Moran. C'est sûr que Tony Moran n’apparaît qu'une poignée de secondes, mais c'est tout de même lui qui prête ses traits au visage humain du Michael Myers adulte. C'est pour cela que je l'ai fait apparaître en premier. Après, il est vrai que les choses auraient été plus simples s'il n'y avait eu qu'un acteur...

  • #11

    Raphaël (mardi, 08 avril 2014 15:28)

    D'accord, ça peut se comprendre, même si j'ai toujours pensé à mettre Nick Castle en avant. Faut dire que lui et sa tête de clown, ç'aurait fait un drôle de Myers censé avoir aucune expression faciale... :D

  • #12

    Damien (vendredi, 11 avril 2014 11:05)

    Que dire?
    Un classique du genre, indémodable même plus de 35 ans après...

  • #13

    Quentin (samedi, 12 avril 2014 16:39)

    Un chef d'oeuvre du genre, totalement mythique sur tous les points. Par contre je ne partage pas non plus la théorie de la frustration sexuel, je trouve que c'est une vision bien réductrice du personnage, et en contradiction avec la description qu'en fait le Dr. Loomis, il perdrait beaucoup en aura mystérieuse ce serait dommage, j'aime mieux penser qu'on ne sait tout simplement pas pourquoi il agit ainsi, c'est ce qui le rend si dérangeant.

  • #14

    theblackscreen (samedi, 12 avril 2014 20:21)

    Salut Quentin !
    Je ne sais pas si l'on peut parler de "frustration sexuelle" au sujet de Michael Myers, mais une chose est sûre : la nudité et l'acte sexuel déclenchent chez lui une réaction de violence épidermique. Ce fut bien entendu le cas de sa sœur et de son petit ami, mais également celui d'Annie (il brise un pot de fleurs lorsqu'elle est enlève ses vêtements, puis la tue sauvagement dans sa voiture), et enfin celui de Bob et Lynda. Après, comme je le disais à Raphaël, ce n'est que l'une des composantes de sa personnalité, pour le moins mystérieuse et ambiguë, on est bien d'accord.

  • #15

    Marine (lundi, 21 avril 2014 13:04)

    C'est cette histoire qui me dit quelque chose.... Je t'avais dis en avoir vu un...
    Le seul hic, c'est que le seul Halloween que j'ai vu, c'était au cinéma, et que bien que ce soit ce synopsis qui me parle, je n'étais pas née en 1978... =/ Un remake a-t-il été tourné dans les années 2000 ?

  • #16

    theblackscreen (lundi, 21 avril 2014 17:24)

    Salut Marine !
    Tu as peut-être visionné le remake de Rob Zombie sorti en 2007...

  • #17

    Marine (mardi, 22 avril 2014 19:36)

    OUIIII !! Que ferais-je sans toi? xD
    ça fait un bout de temps que ça me travaille, car je SAVAIS que j'en avais vu un du genre, mais alors lequel.... C'est le soucis avec les films qu'ils font en séries, et ils s'amusent à faire des remake, ça me perd tout ça =) Merci à toi en tout cas!!!!!!

  • #18

    Dariofulcio13 (lundi, 28 avril 2014 22:19)

    C'est toujours un plaisir de lire tes critiques à la fois solidement construites (on sent la recherche documentaire et un sens de l'argumentation très aiguisé) et émanant la passion de l'auteur des lignes :P

    Parenthèse à part, "Halloween / La Nuit des masques" est probablement LE slasher au sens noble du terme, la référence absolue, le modèle de quasi-perfection du genre qui comptabilise beaucoup trop d'indignes rejetons. D'un concept somme toute simpliste, Carpenter a fignolé un remarquable exercice de terreur atmosphérique: la mise en scène d'une précision chirurgicale cumule les plans confinant au génie eux-mêmes sublimés par une musique envoûtante (l'ouverture que tu cites en vision subjective, les nombreuses scènes où Michaël Myers se retrouve en arrière plan à scruter ses futures proies comme un spectre...) tandis que l'écriture se pare d'une savoureuse ambiguïté relative à la nature de son boogeyman. Simple homme dérangé? Croquemitaine? Incarnation du mal? Son absence de motivation concrète et de personnalité (dans le sens "humanité") assurées derrière la façade d'un masque à la lividité mortuaire en font paradoxalement un tueur passionnant à décrypter (rien à voir avec les 3/4 de ses héritiers). Et puis citons l'exceptionnelle performance de la débutante et magnifique Jamie Lee Curtis qui, avec ses traits limite androgynes et ses répliques à priori banales voire naïves, incarne une des plus belles héroïnes du cinéma de genre: pure et sensible certes mais aussi accrochée à une rage de vivre intense qui lui permettra d'affronter l'horreur absolue durant sa triste destinée de proie.

    Bref si ce n'est quelques micro-défauts pour chipoter un peu (les ados qui font l'amour en 3 secondes et demi....le cas de la soeur de Michael étant le plus flagrant), il s'agit sans conteste d'un pur chef-d'oeuvre inégalé (et inégalable).



    Par contre, petite remarque concernant cette phrase: "genre qu'il aura façonné de A à Z"...

    Même si effectivement "Halloween" demeure sans conteste le titre qui a lancé la mode des slashers, il ne faut absolument pas oublier que l'excellent "Black Christmas" de Bob Clark est passé quelques années avant le film de Carpenter (1974 je crois...j'ai la flemme de chercher lol). Le destin aura voulu que cet "ancêtre" n'ait entretenu son aura culte qu'aux forceps auprès d'un cercle restreint de cinéphiles...pourtant et à contrario des précurseurs hybrides du genre (je pense notamment à "La Baie sanglante" de Mario Bava qui développe quelques éléments qui feront l'identité du slasher moderne sans pour autant en être un), "Black christmas" est bel et bien LE premier slasher pur jus qui a inventé 70% des codes narratifs que Carpenter a repris (un lieu spécifique, une date référente, un choix de victimes plutôt orienté sur les jeunes adolescentes, un tueur aux motivations mystérieuses, la final girl etc etc...). Je pousserai même le vice à dire que l'introduction présente un plan subjectif très similaire (mais aux objectifs autres) à l'ouverture d'"Halloween". Bon de là à dire que Carpenter a plagié une pépite méconnue est un pas que je ne franchirai pas (les deux films adoptant chacun une personnalité propre malgré un bon nombre de points communs) mais il faut néanmoins souligner cette question de "paternité" officieuse trop souvent occultée :/

  • #19

    theblackscreen (mardi, 29 avril 2014 18:52)

    Hello !
    Je suis tout à fait d'accord quand tu dis qu'Halloween, la nuit des masques n'a pas tout inventé. C'est pour ça que j'ai employé le terme "façonné". Façonner consiste à créer quelque chose de totalement nouveau à partir d'un matériau existant. En l’occurrence, c'est ce que le long-métrage de John Carpenter a réussi à faire. Avant lui, le slasher était soit inabouti (La Baie sanglante, film qui avait encore un petit pied dans le giallo), soit balbutiant (The Town That Dreaded Sundown), soit encore trop proche du cinéma policier classique (Black Christmas). De mon point de vue, Halloween est le premier film à avoir su cristalliser les quelques éléments novateurs présents dans lesdits films (tu as raison de mentionner la séquence d'ouverture de Black Christmas, car elle a indéniablement inspiré l'introduction d'Halloween) et donner naissance à un sous-genre immédiatement reconnaissable, un genre qui ne souffrait plus de la comparaison avec ce qui avait été fait auparavant. Évidemment, la qualité de la mise en scène de John Carpenter et la présence de nouveaux ingrédients fondamentaux (dont la personnalité du tueur et les plans à la première personne, sans équivalent dans le cinéma de l'époque) ne sont pas étrangères à cette régénérescence profonde. En d'autres termes, je pense que la grande Histoire du slasher est née avec Halloween.

  • #20

    Dariofulcio13 (mercredi, 30 avril 2014 17:33)

    Salut!

    Effectivement le terme pouvait prêter à confusion avec la mention " de A à Z" ^^ , ceci étant je n'ai pas ressenti "Black Christmas" comme étant un hybride ancré en parti dans le registre du cinéma policier (comme le "Terreur sur la ligne" de Fred Walton par exemple): il y'a bien quelques parenthèses avec John Saxon et les scènes du père à la recherche de la première disparue mais finalement l'enquête demeure assez secondaire...tout comme dans "Halloween" finalement à la différence que dans le film de Carpenter la quête de Donald Pleasence - maigrement secondée par le shériff il est vrai - dynamise pas mal l'intrigue en enrichissant le profil du tueur (la pierre tombale, l'exploration de la maison abandonnée etc...) là où les investigations de "Black christmas" alourdissaient le rythme avec des pistes finalement vaines.

    Au passage ta petite rétrospective m'a donné envie de me replonger dans la saga... En re-re-re-re-re-re (et encore je ne suis pas exhaustif dans mes "re") revoyant l'épisode original je viens de buter sur la scène de classe (où Laurie aperçoit pour la première fois Michael au loin avant de se faire interroger par son prof sur Shakespeare). La tirade mentionne un truc avoisinant "quoiqu'on fasse on n'échappe pas à son destin". Comme les règles de tout bon scénario font que le moindre détail n'est jamais lancé par hasard, je me demande si Carpenter ne songeait déjà pas à l'éventualité d'une filiation de sang entre la jeune fille et sa Némésis de frère...car autrement difficile de parler de "destin inévitable" dans le cadre d'une rencontre fatale qui aurait relevé du pur hasard ("au mauvais endroit au mauvais moment" quoi) sans la révélation apportée par "Halloween II"...

  • #21

    theblackscreen (mercredi, 30 avril 2014 20:11)

    Tu as mis le doigt sur quelque chose de très intéressant avec ton commentaire. Je viens d'ailleurs de revoir la scène dans son intégralité... De deux choses l'une : soit le "destin" auquel fait allusion la prof de philo se réfère à la destinée purement macabre de Laurie Strode, soit, comme tu le sous-entends, John Carpenter avait déjà décidé que Laurie et Michael étaient frère et sœur. Évidemment, le côté quasi mystique de la seconde théorie est plus que passionnant...
    J'imagine que la solution se trouve quelque part dans les interviews du réalisateur et les nombreux making-of consacrés au long-métrage...

  • #22

    Raphaël (jeudi, 01 mai 2014 19:02)

    Quand on sait que Carpenter a trouvé l'idée du lien entre Laurie et Myers lors d'une soirée arrosée, difficile d'imaginer qu'il avait prévu ça déjà bien à l'avance... Mais ça n'est pas impossible, paraît-il que l'alcool fait remonter à la surface nos idées coincées dans la boîte crânienne que l'on a jusque là bien garder. :D

  • #23

    Raphaël (jeudi, 01 mai 2014 19:03)

    gardées* (si j'me trompe pas)

  • #24

    Mr Vladdy (dimanche, 03 août 2014 10:39)

    Culte tout simplement. Je ne me lasse pas de ce volet :-)