HALLOWEEN 3 : LE SANG DU SORCIER

HALLOWEEN 3 : LE SANG DU SORCIER est un dissident. Parti rejoindre des cieux probablement plus cléments à l'anonymat, le croquemitaine le plus célèbre de l'Histoire du slasher brille cette fois-ci par son absence, laissant sur le carreau des millions de spectateurs forcément déçus de ne pas retrouver leur machine à tuer préférée.

Pour autant, le long-métrage de TOMMY LEE WALLACE n'a pas entièrement coupé le cordon ombilical avec ses deux grands frères. Témoins de cette volonté de perpétuer un minimum l'héritage de la série initiée par JOHN CARPENTER, quelques ingrédients issus d'un passé encore très frais viennent nous rappeler que ce nouvel ersatz n'a pas totalement usurpé son nom. La présence de plusieurs comédiens emblématiques (NANCY LOOMIS - ANNIE dans HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES - ; JAMIE LEE CURTIS - alias l'opératrice téléphonique et la voix off annonçant le couvre-feu - ; DICK WARLOCK - MICHAEL MYERS dans HALLOWEEN 2), le thème musical (encore une fois signé John Carpenter), le gros clin d’œil "télévisuel" au premier épisode, le style de la mise en scène (exaltant comme de coutume les plans larges et les travellings labyrinthiques), le thème mythologique de Samain et, bien entendu, l'incontournable fête du 31 octobre alimentent un sentiment de proximité affective qui ne s'évaporera jamais complètement.

Néanmoins, Halloween 3 : le sang du sorcier se distingue tout de même par sa personnalité.

À la lisière du cinéma de science-fiction, le film braque son objectif sur un mystérieux inventeur de jouets (CONAL COCHRAN, interprété par l'excellent DAN O'HERLIHY) dont on subodore immédiatement la mégalomanie et les desseins néfastes. Clone luciférien du WILLY WONKA de CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE, joyeux cinoque avec lequel il partage un goût plus que prononcé pour la main-d’œuvre importée et les jolies petites têtes blondes, l'homme exerce sa mainmise technologique, commerciale et spirituelle sans jamais se séparer de son rictus ambigu. Protagoniste cruel s'il en est, Cochran confère un caractère éminemment morbide au long-métrage, plus violent, plus glauque et surtout beaucoup plus pessimiste que ses deux prédécesseurs réunis. C'est bien simple, à côté du fabricant de masques piégés, Michael Myers passerait presque pour un psychopathe inoffensif. C'est dire la soif de destruction massive qui anime l'industriel.

Si le climat s'avère par instants intrigant, si la prestation de TOM ATKINS (docteur DANIEL CHALLIS) ne souffre d'aucun reproche, si la mise en image ne jure pas dans l'univers de la série, si l'insanité du projet de Cochran met souvent mal à l'aise, on déplore en revanche les nombreux penchants grand-guignolesques de ce nouvel épisode, tellement obnubilé par les effets faciles qu'il en devient parfois ridicule. Apothéose de la projection, l'exécution d'une petite famille d'Américains très moyens baigne dans un sadisme bêtement complaisant qui provoque autant de gêne que de rires, le jaillissement d'une orgie d'insectes et de serpents dénaturant le suspense au moment où celui-ci était à son comble. Dommage. À trop vouloir tirer sur la corde de l'abomination visuelle, la production a fini par se perdre dans le kitsch le plus total.
Au bout du compte, Halloween 3 : le sang du sorcier n'est pas un mauvais film, juste une inoffensive petite série B qui n'a pas su pallier l'absence physique et spirituelle du seul vrai pilier de la franchise : Michael Myers.

★★☆☆☆