LES POUPÉES

Sur la route des vacances, David Bower, sa future épouse Rosemary et sa fille Judy sont surpris par un violent orage qui les contraint à s'arrêter. Ils trouvent refuge dans une vaste demeure où vit un couple de vieillards. Ces derniers collectionnent les poupées.

 

 

Réalisation : Stuart Gordon
Scénario : Ed Naha

Photographie : Mac Ahlberg

Musique : Dana Kaproff

Durée : 79 minutes

Production : Charles Band, Bruce Cohn Curtis, Debra Dion et Brian Yuzna

Date de sortie : 1987

Genre : Horreur

 

 

Ian Patrick Williams : David Bower, Carolyn Purdy-Gordon : Rosemary Bower, Carrie Lorraine : Judy Bower, Guy Rolfe : Gabriel Hartwicke,  Hilary Mason : Hilary Hartwicke, Bunty Bailey : Isabel

Les poupées tueuses de DOLLS sont animées par une caractéristique particulière : elles ne tuent pas gratuitement, mais pour honorer une mission qui sera explicitée durant les dix dernières minutes du long-métrage. Ouvertement poétique, l'argument s'accompagne d'une belle déclaration au monde de l'enfance, seul à même de permettre à un individu de s'épanouir pendant sa vie d'adulte. Il y a donc une vie derrière le gore et le suspense, détail dont on ne peut que se féliciter.
Pour autant, la belle âme du film de STUART GORDON (RE-ANIMATOR, FORTRESS) ne saurait nous faire oublier tous les menus défauts qui entachent son image, notamment une galerie de personnages où le meilleur côtoie le franchement indigent. Le meilleur, c'est une fillette attachante (incarnée par CARRIE LORRAINE) et un  étrange tandem de vieillards (GUY ROLFE / HILARY MASON) que l'on suit avec passion jusqu'au petit matin. Le pire, c'est un couple de punkettes agaçantes (BUNTY BAILEY  /  CASSIE STUART) et un duo de "parents"  grotesques (CAROLYN PURDY-GORDON / IAN PATRICK WILLIAMS) donnant au long-métrage une coloration carnavalesque irritante pour les nerfs. Dommage, privée de son aspect ultra-caricatural, la dénonciation d'une certaine forme d'égoïsme n'en aurait été que plus forte.
Malgré tout, le film peut compter sur une arme de destruction massive pour compenser cette petite troupe de protagonistes mi-figue mi-raisin : ses poupées. Très convaincantes en dépit d'animations en stop-motion parfois perfectibles (les déplacements rapides manquent de fluidité), elles multiplient les interventions d'anthologie sanglantes. Coups de tournevis dans les pieds, morsures à l'avant-bras, attaques à la scie, arrachages d'yeux, peloton d'exécution improvisé, tabassages en groupe : les malheureux protagonistes qui auront l'outrecuidance de s'aventurer sur leur territoire avec de mauvaises intentions (elles détestent le vol et la maltraitance des enfants) vont goûter à leur impitoyable courroux.
Mais les actions des pantins peuvent également se teinter d'une certaine magnanimité, à l'image de cette étonnante scène où ils décident contre toute attente d'épargner une victime programmée un peu moins idiote que ses congénères... chose qui n'a rien d'une prouesse tant les représentants du monde adulte sont généralement bêtes et amers. On se surprend alors à éprouver du respect pour les créatures (faites de chair et de sang comme nous l'indiquent plusieurs plans "chirurgicaux"), violentes, sans pitié, mais aussi capables de se montrer à l'écoute quand le seul enfant présent sur les lieux du crime les implore de réfléchir à la portée de leurs actes.
Hélas, les poupées ne sont pas magiciennes et ne peuvent en aucun cas remédier à la paresse de la mise en scène de Stuart Gordon, marionnettiste qui anime sa maison hantée avec la même flémingite aiguë qu'un cancre - un décor aussi baroque aurait mérité des mouvements de caméra moins statiques. Un loup diminuant la portée qu'aurait logiquement due avoir le long-métrage s'il avait échoué entre des mains plus virtuoses.
Si l'on est loin du classique absolu, la présence des petits diablotins suffit à capter notre curiosité durant 80 minutes. Et accessoirement à nous interroger sur l'hypothétique préservation de notre part d'innocence héritée de l'enfance.

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Allan (lundi, 22 février 2016 02:48)

    Ah mais oui, j'avais regardé ce film par hasard, et je dois avouer qu'il est cool. loin d'être flippant je trouve wqu'il réussit quand même son pari. On passe un excellent moment à voir ces petits personnages trussider les protagonistes un à un. D'ailleurs, elles sont vachement sadiques, et même quand elles sont en hors champs, on le ressend.

  • #2

    horrorchamber (samedi, 05 novembre 2016 13:57)

    Ca a vieillit mais le film garde "je ne sais quoi" (en plus de son charme rétro).