LA MAISON PRÈS DU CIMETIÈRE

Après le suicide de son mentor, le Dr Norman Boyle emménage dans la maison de ce dernier avec sa femme et son fils. Sombrant dans la folie et l´horreur, la famille découvre rapidement que quelque chose se terre dans le sous-sol de la maison.

 

 

Réalisation : Lucio Fulci

Scénario : Lucio Fulci, Elsa Briganti, Dardano Sacchetti

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Walter Rizzati

Durée : 87 minutes

Production : Fabrizio De Angelis

Date de sortie : 1981

Genre : Horreur

 

 

Catriona MacColl : Burton Stanton, Paolo Malco : Docteur Norman Boyle , Ania Pieroni : Ann, la babysitter, Giovanni Frezza Bob Boyle

 

Le scénario de LA MAISON PRÈS DU CIMETIÈRE est banal, voire anecdotique. Le traitement de LUCIO FULCI, lui, est royal. Sous la houlette du papa de L’AU-DELÀ, L’EMMURÉE VIVANTE et L'ENFER DES ZOMBIES, le surnaturel prend une dimension magnétique et irrésistiblement poétique.

Filmant son immense demeure possédée comme une antichambre de l'enfer prête à engloutir ses personnages d'un moment à l'autre, le cinéaste parvient à créer un sentiment de malaise qui ne se dément pas un seul instant durant la projection.
La peur est omniprésente. Dans le regard des comédiens - magnifique CATRIONA MACCOLL. Dans les musiques, exsudant l'affolement. Dans les moindres détails de la maison, percluse d'ornements macabres du plus bel effet. Dans les corps putrides des malheureuses victimes, étalées au fin fond du sous-sol tels des lambeaux de chair. Dans les tombes éparpillées autour de la demeure, tombes dégageant une sensation de tristesse presque impénétrable. Enfin et surtout, dans la mise en scène de Lucio Fulci, qui s'empare de son sujet avec un jusqu'au-boutisme intégral.
Gros plans indécents sur l'anatomie humaine, travellings éthérés, zooms agressifs, vues à la première personne dérangeantes, panoramas à 360 degrés vertigineux (soit un hommage évident à MARIO BAVA) : la caméra est indubitablement la plus grande alliée d'une terreur sondée avec une passion obsessionnelle. Comme souvent dans l'œuvre du réalisateur, le gore s'exprime avec une intarissable voracité. Parmi les scènes les plus marquantes, on notera un transpercement buccal aussi soudain que rougeoyant, un étonnant affrontement avec une chauve-souris enragée et un tranchage de tête atteignant un haut degré de crédibilité.

On aurait cependant tort de résumer La Maison près du cimetière à ces épanchements exterminateurs, aussi réussis soient-ils. Maniant le suspense (la longue "montée des marches" d'une mère et de son fils est digne d'ALFRED HITCHCOCK) et la suggestion avec la même habileté, le cinéaste confirme sa volonté de faire exploser les cloisons, offrant au film de maison hantée une opportunité assez unique : celle de créer un pont avec le surréalisme le plus lyrique.

À l'image de ce très inattendu et poétique épilogue qui, dans un grand élan de tendresse, nous ferait presque oublier le faciès dégoulinant de la créature tapie au fin fond des ténèbres.
Une nouvelle fois, Lucio Fulci est parvenu à (ré)concilier l'abjection et le beau.

 

★★★☆☆

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