L'HOMME SANS MÉMOIRE

Edward, à la suite d'un accident, a perdu la mémoire. Il retourne en Italie retrouver son épouse, qu'il ne reconnaît d'ailleurs pas. Et rapidement, son passé obscur, lié à des affaires de drogue et de meurtres sordides, le rattrape...

 

 

Réalisation : Duccio Tessari

Scénario : Ernesto Gastaldi

Photographie : Giulio Albonico

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 92 minutes

Production : Maurizio Pastrovich

Date de sortie : 1974

Genre : Giallo

 

 

Senta Berger : Sara Grimaldi, Luc Merenda : Edward, Umberto Orsini : Daniel, Anita Strindberg : Mary Caine, Bruno Corazzari : George


L'HOMME SANS MÉMOIRE n'est pas un giallo comme les autres. Si tant est qu'on puisse le considérer comme un giallo.
Avare en meurtres sanglants (seul un découpage à la tronçonneuse honore le quota de gore propre au genre), en psychologie tortueuse et en plans scabreux, le film de DUCCIO TESSARI (UN PAPILLON AUX AILES ENSANGLANTÉES) se situe à l'extrême limite du genre.

Il n'en demeure pourtant pas moins digne d'intérêt, justement parce que le réalisateur et son scénariste (ERNESTO GASTALDI, responsable de quelques fleurons du thriller frissonnant à l'italienne) ont décidé d'emprunter une route un peu moins balisée que d'ordinaire.

La grande force du long-métrage réside dans la crédibilité de son intrigue, classique, mais solide. Entièrement construite autour d'une amnésie dont on se demande jusqu'au bout si elle relève d'un leurre ou d'un véritable accident, elle se développe en plusieurs ramifications criminelles et amoureuses qui n'ont de cesse de se nourrir mutuellement. Plus que le suspense, ce sont les relations entre les personnages qui semblent passionner le scénariste. Au point que ce dernier lui sacrifie la majeure partie du développement de l'action.

Pour autant, L'Homme sans mémoire n'a rien d'un film ennuyeux. Mieux : on se surprend à se prendre d'affection pour l'héroïne (SARA GRIMALDI), jeune femme tiraillée entre l'amour, la suspicion et la peur, ingrédients qui vont devenir les composantes essentielles d'une existence de plus en plus soumises aux aléas de la violence. Incarnée par la sublime actrice autrichienne SENTA BERGER, aussi subtile dans son jeu que dans l'ostentation de ses charmes (qui se résument à un demi-plan nichon) la belle damne immédiatement le pion à son partenaire (LUC MERENDA, alias EDWARD l'amnésique), certes convaincant, mais doté d'un charisme un peu juste pour espérer rivaliser avec la comédienne.
Malgré quelques petits ventres mous, on suit avec attention les mésaventures de la jeune épouse jusqu'à la grande explication finale, laquelle, en imitatrice avisée, n'hésite pas à emboîter le pas au mythique SEULE DANS LA NUIT (1967, TERENCE YOUNG) - classique auquel l'un des protagonistes se réfère d'ailleurs explicitement. Renouant avec la brutalité du "vrai" giallo, Duccio Tessari nous offre une dernière séquence plus catchy que le reste, lavant l'honneur de ses personnages à grands coups de cutters et de lacérations douloureuses, une manière comme une autre d'en finir avec les faux-semblants empoisonneurs.

Plus pondérée que la grande majorité de ses consœurs débauchées, cette production transalpine joue donc la carte de l'ouverture avec une certaine réussite.

 

★★★☆☆

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