CINQUIÈME COLONNE

En 1940, un ouvrier américain est accusé d'avoir saboté une usine d'armements. Aidé d'une jeune femme, il parcourt les États-Unis pour démasquer le véritable coupable, un agent nazi.

 

 

Réalisation : Alfred Hitchcock

Scénario : Peter Viertel, Joan Harrison, Dorothy Parker et John Houseman

Photographie : Joseph A. Valentine

Musique : Frank Skinner

Durée : 104 minutes

Production : Alfred Hitchcock, Frank Lloyd et Jack H. Skirball

Date de sortie : 1942

Genre : Thriller

 

 

Robert Cummings : Barry Kane, Priscilla Lane : Patricia Martin, Otto Kruger : Charles Tobin, Alan Baxter : M. Freeman, Clem Bevans : Neilson, Norman Lloyd : Frank Fry


À l'instar de JEUNE ET INNOCENT, LES 39 MARCHES ou LA MORT AUX TROUSSES, CINQUIÈME COLONNE illustre l'une des thématiques fétiches d'ALFRED HITCHCOCK : celle du faux coupable plongé par la force des choses dans une avalanche de péripéties, de complots et de violences. Comme de coutume, l'individu ne devra compter que sur lui-même et une poignée de relations "souterraines" (conformément à la tradition hitchcockienne, la police et les notables se distinguent pas leur absence d'intégrité) pour mener à bien une mission dans la lignée du classique Les 39 marches, référence que le cinéaste se plait à démarquer sans l'ombre d'un scrupule.

On aurait cependant tort de bouder notre plaisir. Malgré un goût certain de déjà-vu, Cinquième colonne s'impose comme un divertissement plein de panache, rencontre réussie entre le thriller ludique et l'œuvre plus engagée socialement parlant.

Si les traques spectaculaires ne manquent pas à l'appel (notre héros ne rechigne pas à sauter d'un pont ou à crapahuter dans les décors les plus dangereux), elles ne font jamais oublier la teneur résolument humaniste de l'ensemble, à des années-lumières du cynisme frondeur de la plupart des autres films du maître. La gravité du sujet (derrière le sabotage se profile le spectre du nazisme) a induit une approche différente, une approche de laquelle émergent quelques personnages faisant montre d'une belle philanthropie.

À l'image du vieil aveugle, du directeur de cirque, du camionneur et de la jeune héroïne (clairvoyante au point de faire confiance à son ravisseur sans que celui-ci ait eu besoin de lui fournir les preuves de son innocence), le long-métrage présente une galerie de protagonistes soucieux d'apporter leur contribution au rétablissement de la justice, désespérante d'incompétence et de partialité sous ses dehors respectables.

Le salut viendrait-il des "petits", des reclus et des anticonformistes ? C'est en tout cas ce que semble croire le cinéaste, toujours aussi méfiant envers la caste dirigeante, dissimulée derrière une pseudo-honorabilité lui permettant d'échapper aux soupçons.

Malgré une seconde partie un peu plus bavarde, l'intérêt pour le malheureux BARRY KANE (ROBERT CUMMINGS, excellent) ne faiblit pas, Hitchock faisant encore une fois étalage de sa maîtrise de la narration. Jusqu'au final dans la couronne de la Statue de la Liberté, morceau de bravoure préfigurant les dernières minutes sur le Mont Rushmore de La Mort aux trousses.

En ce début de nouvelle décennie, le cinéma de l'ex-réalisateur anglais laissait définitivement augurer du meilleur pour le futur.

 

★★★☆☆

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