FRENZY

Londres est terrorisé par une succession de meurtres dont l'auteur demeure inconnu. Des femmes meurent étranglées par une cravate que l'assassin laisse au cou de ses victimes...

 

 

Réalisation : Alfred Hitchcock

Scénario : Anthony Shaffer

Photographie : Gilbert Taylor

Musique : Ron Goodwin

Durée : 116 minutes

Production : Alfred Hitchcock

Date de sortie : 1972

Genre : Thriller

 

 

Jon Finch : Richard Ian Blaney, Barry Foster : Robert Rusk, Barbara Leigh-Hunt : Brenda Margaret Blaney, Anna Massey : Barbara Jane Milligan, Alec McCowen : L’inspecteur principal Oxford

 

La première scène de FRENZY marque le grand retour du ALFRED HITCHCOCK sarcastique. Tandis qu'un politicien appliqué fait l'éloge des eaux purifiées de la Tamise, un cadavre de femme nue cravaté fait son apparition sur les mêmes eaux, plongeant les badauds attroupés (dont Hitchcock en personne, toujours aussi malin dans l'art de placer son caméo) dans une profonde perplexité.

On ne pouvait rêver d'un apéritif plus savoureux pour célébrer le come-back du maître du suspense dans sa ville de naissance : Londres, cité où il n'avait pas tourné depuis LE GRAND ALIBI. Sans égaler le niveau de ses plus beaux chefs-d'œuvre, la suite des évènements va vite nous rassurer quant au regain de pêche du cinéaste, de nouveau désireux de raconter une bonne histoire au public. De ce côté-là, Frenzy est une réussite.

Plus rythmé et impulsif que les précédentes livraisons du maestro, ce nouveau long-métrage déploie un univers immédiatement accrocheur qui, malgré son classicisme (le temps où Hitchcock voulait révolutionner le septième art appartient à une époque désormais révolue), ne manque ni de suspense ni de... frénésie. Creusant un sillon plus violent et sexué que d'ordinaire (pour la première fois de sa carrière, le réalisateur se laisse aller à shooter des scènes de nu féminin), ce thriller profite de la libéralisation de la censure pour asseoir des fantasmes de plus en plus insistants.

L'"art du meurtre" typique du cinéma hitchcockien atteint même son point de non-retour durant une scène de viol combinant fétichisme, cruauté intégrale et dévotion religieuse. L'effet est saisissant, presque impensable de la part d'un metteur en scène aussi réservé. À côté de ce coup d'éclat en forme de pied de nez, le reste de Frenzy se montre, sinon paisible, du moins beaucoup plus traditionnel. Alternant enquête policière et digressions sociales (très inspirée par la relation entre un inspecteur de Scotland Yard et sa tendre épouse, l'analyse du cocon marital est un prétexte à quelques traits d'esprit hilarants), cette variante de JACK L'ÉVENTREUR permet au réalisateur de renouer avec une autre de ses thématiques préférées : celle du faux coupable, un faux coupable victime comme il se doit de tous les quiproquos possibles et imaginables, un faux coupable qui ne devra compter que sur des concours de circonstances pour espérer établir son innocence.

Avec ce retour aux sources du film criminel, Alfred Hitchcock a non seulement prouvé qu'il n'avait pas encore grillé ses dernières cartouches, mais qu'en plus, son cinéma pouvait s'adapter aux canons des années 70 sans avoir à renier ses fondamentaux british.

 

 

★★★☆☆

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