MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE

Cinq amis traversent le Texas à bord d'un minibus. Ils s'aperçoivent qu'ils sont entrés dans un territoire malsain, à l'image du personnage qu'ils ont pris en stop. Mais les cinq amis parviennent à s'en débarrasser. Peu de temps après, une panne d'essence les contraint à s'arrêter à une station-service.  

 

 

Réalisation : Tobe Hooper

Scénario : Kim Henkel et Tobe Hooper

Photographie : Daniel Pearl

Musique : Tobe Hooper et Wayne Bell

Durée : 83 minutes

Production : Tobe Hooper, Kim Henkel, Richard Saenz, Jay Parsley

Date de sortie : 1974

Genre : Survival

 

 

Marilyn Burns : Sally Hardesty, Paul A. Partain : Franklin Hardesty, Allen Danziger : Jerry, William Vail : Kirk, Teri McMinn : Pam

 

Malgré les décennies, malgré la radicalisation de la violence et la libéralisation du gore, malgré les suites, les remakes et les divers ersatz plus ou moins inutiles, MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE de TOBE HOOPER demeure l'une des expériences les plus troublantes de l'Histoire du cinéma d'horreur.

La grande Faucheuse s'y dévoile sous son jour le moins glamour, le moins esthétisant ; tour à tour imprévisible, ignoble et absurde, véritable piège duquel il paraît impossible de s'extirper. Le cauchemar est d'autant plus suffocant que le réalisateur n'offre aucune porte de sortie au spectateur, contraint d'assister à un déchaînement de violence qui va de mal en pis au fil des bobines. Agrémenté d'une bande-son apocalyptique (le premier ronflement de tronçonneuse déchire l'espace avec une frénésie inouïe), Massacre à la tronçonneuse baigne dans une ambiance visqueuse que la réalisation de Tobe Hooper rend presque insupportable.

Tortionnaire de la pellicule, le metteur en scène succombe à des pulsions de plus en plus incontrôlables, décortiquant ses décors et ses personnages avec la même rage que sa famille de charognards. Composé de cadrages indécents, de plans en caméra portée contemplatifs (un long travelling poisseux passe méticuleusement en revue tous les ornements osseux de la maison maudite) et de zooms lourdement scrutateurs, le découpage technique du cinéaste ne semble répondre qu'à un seul impératif : perturber le public au point de lui faire perdre la raison. Le pari est réussi.

Après un préambule des plus déconcertants (chaque nouvelle foulée du groupe s'accompagne d'une découverte macabre plus funèbre que la précédente, décidément, le Texas est bel et bien l'une des plus dangereuses antichambres de l'enfer), le film sombre corps et âme dans un trip morbide exhaustivement dédié à la torture. Monstre de foire sans émotion, LEATHERFACE se charge de réduire à néant toute tentative de résistance, apprêtant, dépeçant, puis congelant ses proies avec la même désaffection professionnelle qu'un abatteur de gibiers. Le tout sans la moindre trace de gore, artifice qui n'aurait fait qu'apporter un peu de couleur à un monde froid et déshumanisé au dernier degré.

Apothéoses de la projection, les deux dernières bobines consacrent à jamais Massacre à la tronçonneuse comme l'ovni le plus putassier de l'Histoire du survival. Rictus sataniques, hurlements de désespoir, intrusions quasi-pornographiques dans l'intimité des personnages (inoubliables gros plans sur les yeux injectés de sang de l'héroïne, prisonnière d'un piège aussi ridicule que meurtrier) et vrombissement de tronçonneuses unissent leurs forces pour former la messe noire "familiale" la plus extrémiste vue sur grand écran.

En repoussant les limites du tolérable et de la bienséance, le réalisateur vient d'offrir au cinéma des années 70 l'un de ses plus inconfortables cauchemars, rendant par la même inutile toute forme de relecture.

Plus que jamais, le long-métrage mérite donc son statut de classique indémodable.

 

★★★★☆

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