LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT

Tony Wendice, ancien champion de tennis, craint que sa femme Margot, qui a une aventure avec Mark Halliday, auteur de romans policiers, n'en vienne à le quitter en le laissant financièrement démuni. Aussi échafaude-t-il un plan pour faire assassiner Margot par un comparse pendant qu'il se sera forgé un alibi inattaquable.

 

 

Réalisation : Alfred Hitchcock

Scénario : Frederick Knott

Photographie : Robert Burks

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 105 minutes

Production : Alfred Hitchcock

Date de sortie : 1954

Genre : Suspense

 

 

Grace Kelly : Margot Wendice, Ray Milland : Tony Wendice, Robert Cummings : Mark Halliday, John Williams : l'inspecteur Hubbard

 

Le huis clos est un exercice délicat. Trop théâtralisé, il peut dégager une certaine monotonie. Mal scénarisé, il peut très vite montrer des limites que l'étroitesse du cadre ne fera que renforcer.

En formidable narrateur qu'il est (LA CORDE et LIFEBOAT avaient déjà prouvé ses aptitudes à transcender un espace étriqué), ALFRED HITCHCOCK domine encore une fois son sujet.

Fignolé dans les moindres détails, LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT est l'un de ces joyaux dont il nous appartient de percer tous les mystères avant que le générique final ne retentisse. Pour ce faire, il ne faudra ni compter sur l'aide du cinéaste, toujours en avance de deux ou trois têtes sur le flair du public ni sur les hypothétiques flottements du scénario de FREDERICK KNOTT (déjà auteur de la pièce originale dont est adapté le film), d'une logique et d'une rigueur d'écriture imparables. En clair, les tenants et aboutissants du long-métrage sont verrouillés de manière à ce que le spectateur ait en permanence le sentiment d'être prisonnier d'une machination indéchiffrable. Le film n'en est que plus séduisant.

Comme à son habitude, le réalisateur prend son temps pour planter le décor, passant d'une introduction enjouée (un trio d'amis discute de futilités à des années-lumières de la substantifique moelle du sujet) à un tête-à-tête cyniquement glacial où le mot meurtre est pour la première fois prononcé. Décryptée dans ses moindres détails, la psychologie des personnages prépare le terrain à un imbroglio criminel riche en chantages menaçants, subterfuges improvisés et autres petits gimmicks venus jouer aux troubles-fêtes au moment où l'on s'y attend le moins (la clé de l'énigme repose sur une trouvaille aussi inopinée que brillante). Tendu avec un savoir-faire impitoyable, le piège est en sus servi par une distribution de tout premier ordre.

Atout charme d'un casting dominé par les hommes (mention spéciale à RAY MILLAND, impérial et presque sympathique dans les vêtements d'un assassin minutieux), GRACE KELLY (MARGOT WENDICE) entame là sa grande histoire d'amour avec le réalisateur anglais. Et si ce dernier n'a pas encore l'art et la manière de sublimer, voire d'érotiser sa future muse, il semble d'ores et déjà avoir compris comment capter son potentiel dramatique.

Seul levain d'émotion d'une confrontation machiavélique à souhait, son personnage rejoint la fratrie des icônes martyres du cinéma hitchcockien, terrain privilégié de la lutte entre les suppôts de l'illusion et les défenseurs de la vérité. Un thriller échevelé.

 

★★★★☆

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