PSYCHOSE

Marion Crane se rend dans un motel après avoir dérobé une importante somme d'argent à son patron. Mais le refuge s'avère bien précaire, car Marion meurt poignardée par une vieille femme surgi du néant.

 

 

Réalisation : Alfred Hitchcock

Scénario : Joseph Stefano

Photographie : John L. Russell

Musique : Bernard Herrmann

Durée : 104 minutes

Production : Alfred Hitchcock

Date de sortie : 1960

Genre : Thriller

 

 

Anthony Perkins : Norman Bates, Janet Leigh : Marion Crane, Vera Miles : Lila Crane, John Gavin : Sam Loomis, Martin Balsam : Milton Arbogast, John McIntire : Shériff Chambers, Simon Oakland : Docteur Richmond, Patricia Hitchcock : Caroline, la secrétaire

 

 

Les premières minutes de PSYCHOSE comptent parmi les plus perturbantes de la filmographie d'ALFRED HITCHCOCK. Où veut en venir le réalisateur ? Pourquoi s'escrime-t-il à suivre les moindres faits et gestes de son héroïne - MARION CRANE, alias JANET LEIGH -, banale voleuse assaillie par des scrupules (et accessoirement par un flic coriace) la poussant à s'éloigner toujours plus de son point de départ ? Enfin, encore plus déroutant, pourquoi donne-t-il le sentiment de ne pas vouloir choisir entre romance, polar et drame psychologique, passant d'un sous-genre à un autre avec une (apparente) nonchalance qui confine à l'insolence ? Réponse en milieu de projection, avec, à la clé, une destruction de puzzle stupéfiante de culot.

À n'en pas douter, Psychose est l'une des productions les plus atypiques du metteur en scène. Artistiquement, déontologiquement et pécuniairement parlant. Plus aventureux que jamais, le réalisateur trousse un film d'horreur autoproduit - devant la frilosité des studios, Hitchcock n'eut d'autre solution que d'hypothéquer sa maison pour financer le long-métrage - qui défriche de nouvelles terres et repousse les limites du "montrable" à l'écran avec une belle soif d'en découdre. Caressées à rebrousse-poil, les attentes du public sont pourtant rassasiées au-delà des prévisions les plus folles, Hitchcock réinventant ses propres codes et ses propres fantasmes au gré d'un récit en forme de piège diabolique.

Au-delà du mythique twist final (qui fonctionne encore et toujours à la perfection, même après plusieurs visionnages), c'est toute la construction dramatique de Psychose qui donne un coup de balai au cinéma de suspense. Il fallait oser supprimer l'héroïne en cour de route. Il fallait oser faire appel à une bande-son aussi crispante et stridente que celle du grand BERNARD HERRMANN. Il fallait oser insérer un meurtre sous la douche aussi indécent et brutal, ou plutôt, qui donne le sentiment de l'être - le montage vigoureux de la scène associé à des angles de vue biscornus crée une illusion de violence inversement proportionnelle à la suggestivité des effets utilisés.

Psychose avait donc toutes les cartes en main pour rejoindre la cohorte des plus imposants chefs-d'œuvre hitchcockiens. Hélas, un invité imprévu vient ternir le tableau dans la dernière partie : la direction d'acteurs, d'ordinaire l'un des points forts du cinéaste.

Si ANTHONY PERKINS (NORMAN BATES, alias l'œdipien le plus célèbre du septième art) et Janet Leigh (starlette compensant sa rudesse physique par un jeu puissamment intériorisé) se hissent au niveau d'intensité attendu, il n'en va pas de même pour le binôme VERA MILES/JOHN GAVIN (LILA CRANE/SAM LOOMIS), assez quelconque pour ne pas dire fadasse. Un écueil d'autant plus regrettable que les deux acteurs sont omniprésents dans les dernières bobines.

À défaut de tutoyer la perfection de SUEURS FROIDES ou de LA MORT AUX TROUSSES, deux citadelles imprenables en terme de richesses thématiques et de maîtrise de casting, Psychose n'en demeure pas moins l'une des pierres angulaires de la filmographie du réalisateur qui, toujours bon pied bon œil malgré ses soixante ans, attaquait cette nouvelle décennie avec une passion intacte pour son sujet de prédilection : la manipulation des foules.

 

★★★★☆

* Images trouvées sur le net

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Commentaires: 1
  • #1

    Iron Calimero (lundi, 11 mai 2015 07:46)

    Ils l'ont repassé sur Arte. Rien que la musique m'a fichu une peur folle, et la scène des oiseaux empaillés! Bon lundi.