VAUDOU

Sur une île proche d'Haïti, la femme de Mr Rand est malade, pour cela une infirmière, Betsy Connell, est engagée. Celle-ci pense que Mme Rand a été envoutée par des rites vaudou. Après son enquête, elle apprend que Mme Rand est une zombie.

 

 

Réalisation : Jacques Tourneur

Scénario : Ardel Wray et Curt Siodmak

Photographie : J. Roy Hunt

Musique : Roy Webb

Durée : 69 minutes

Production : Val Lewton

Date de sortie : 1943

Genre : Horreur

 

 

James Ellison : Wesley Rand, Frances Dee : Betsy Connell, Tom Conway : Paul Holland, Edith Barrett : Mrs. Rand, James Bell : Dr. Maxwell, Christine Gordon : Jessica Holland

   

Que l'on soit croyant ou non, VAUDOU de JACQUES TOURNEUR cause une vive émotion. Non pas parce qu'il fait l'apologie ou la condamnation de la religion vaudou, mais parce qu'il réussit à percer notre esprit au point de le laisser libre de faire son choix entre la rationalité et le surnaturel, deux options qui s'entrechoquent en permanence. Une nouvelle fois, c'est tout le pouvoir de suggestion de Tourneur qui s'exprime, un pouvoir débarrassé de la moindre parcelle de sensationnalisme, un pouvoir au service d'une histoire simple, mais forte baignant dans un climat macabre délicieusement oppressant.

Le réalisateur nous donne ainsi une magistrale leçon de cinéma ethnologique, probablement la référence ultime du genre avec les films zombiques de LUCIO FULCI.

Dès les premières images sur le bateau (la mise en garde adressée à l'héroïne a des allures de prophétie), le réalisateur nous attrape à la gorge pour ne plus jamais lâcher prise. Peaufinant à l'extrême ses cadrages et ses éclairages (ces derniers rendent un bel hommage au cinéma expressionniste), Tourneur fait également montre d'un talent de directeur d'acteurs très au-dessus du niveau moyen de la série B de l'époque, tirant le meilleur parti d'un casting hétéroclite au sein duquel se distingue la formidable FRANCES DEE, comédienne prêtant ses traits à une héroïne (BETSY) partagée entre un rationalisme somme toute très scientifique et un penchant de plus en plus affirmé pour le vaudou.

Loin de tout folklore, le cinéaste met d'ailleurs un point d'honneur à ne jamais souiller la culture vaudou, ancrant fortement la religion dans la tradition populaire de l'île caribéenne de Saint Sebastian.

Les scènes cérémoniales sont remarquablement reconstituées. Cet aspect farouchement réaliste crée une sensation de malaise qui perdure longtemps après la fin de la projection, le réalisateur ayant réussi à confronter deux univers radicalement opposés, mais néanmoins condamnés à vivre ensemble : celui hérité de la science et celui né de la pseudo-puissance du rite vaudou.

Les deux sont-ils ennemis ou complémentaires ?

Fidèle à ses habitudes, Jacques Tourneur préfère s'abstenir de tout jugement hâtif, laissant le public libre de se faire sa propre opinion. Une date dans l'Histoire du cinéma d'épouvante.

 

★★★★☆

* Images trouvées sur le net

Écrire commentaire

Commentaires: 0