L'AMIE MORTELLE

Paul Conway, brillant adolescent de 15 ans, a fabriqué un robot doté d'une grande intelligence. Le jour où sa petite amie meurt dans un accident, ce dernier décide de récupérer le cadavre de la jeune femme à la morgue et de lui implanter le microprocesseur de son robot. 

 

 

Réalisation : Wes Craven

Scénario : Bruce Joel Rubin

Photographie : Philip H. Lathop

Musique : Charles Bernstein

Durée : 91 minutes

Production : Robert L. Crawford, Patrick Kelley, Robert M. Sherman

Date de sortie : 1986

Genre : Fantastique

 

 

Matthew Laborteaux : Paul Conway, Kristy Swanson : Samantha Pringle, Michael Sharrett : Tom Toomey, Anne Twomey : Jeannie Conway, Richard Marcus : Harry Pringle

 

Cocktail à base de science-fiction nostalgique, de romantisme échevelé et d'épouvante grand-guignolesque, L'AMIE MORTELLE ouvre une parenthèse intéressante dans la carrière de WES CRAVEN, réalisateur qui, s'il avait déjà laissé entrevoir une certaine sensibilité par le passé (notamment par le biais du téléfilm INVITATION EN ENFER et du nanar LA CRÉATURE DU MARAIS), n'avait encore jamais dévoilé sa fibre sentimentaliste dans son entièreté.
Bien qu'assez daté (les musiques et la modélisation du robot "BB" n'ont pas passé le test du temps), le résultat ne manque pas de charme. En première ligne de cette inspiration plus compassionnelle que d'ordinaire, le casting, composé de jeunes comédiens talentueux, réussit immédiatement à capturer la sympathie du spectateur, propulsé dans un univers où recherche scientifique primesautière et franche camaraderie se disputent le premier plan d'une histoire à priori inoffensive.
À priori seulement. Car, comme d'habitude avec Wes Craven, l'horreur n'attend qu'une seule chose : être extirpée de sa tanière. Ce tournant va avoir lieu à mi-parcours. Délaissant la spontanéité et l'insouciance du monde de l'adolescence à la suite d'un décès inopiné, le long-métrage opte alors par la force des choses pour une approche beaucoup plus sérieuse, les expérimentations scientifiques ne portant plus sur un simple robot, mais sur la reconstruction d'une vie humaine broyée par un acte sordide.

Si l'on apprécie le renouvellement des enjeux dramatiques et la prestation tout en nuance des acteurs (MATTHEW LABORTEAUX - LA PETITE MAISON DANS LA PRAIRIE - insuffle à son personnage de scientifique en culottes courtes un joli capital sympathie ; la beauté de KRISTY SWANSON n'a d'égale que sa capacité à mimer une créature mi-humaine mi-robotique en proie à de violents bouleversements intérieurs), on regrette que la mue de Wes Craven n'ait pas été menée plus en profondeur, le cinéaste ayant recours à un grand guignol aussi gênant qu'inutile.

À l'image de cette tête réduite en bouillie par un lancer de ballon surpuissant ou bien encore de ce cauchemar ouvrant une voie royale à un geyser de sang incontrôlable, le film frôle parfois le ridicule, un ridicule entretenu par une double volonté : décalquer à tout prix le classique LES GRIFFES DE LA NUIT (la chaufferie tant prisée par l'ami FREDDY sert de toile de fond à une scène macabre "cuisante") et offrir au public son quota de gore et de twists en tous genres.

Dénués de tous ces artifices, les thèmes abordés (dont l'éternel désir de repousser les limites de la vie) auraient probablement eu plus d'impact.
Malgré tout, L'Amie mortelle se savoure comme une série B plaisante, dont les saillies romantiques et la relecture romantico-tragique du mythe de FRANKENSTEIN tranchent sur la production habituelle des années 80.

 

★★★☆☆

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