LE MONSTRE DU TRAIN

Abstraction faite de son cadre, assez atypique pour un slasher, et du concours d'un certain DAVID COPPERFIELD , on ne peut pas dire que LE MONSTRE DU TRAIN brille par son originalité.
Bien décidé à surfer sur le succès d'HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES (1978, JOHN CARPENTER) avant que la mode ne passe à autre chose, le long-métrage de ROGER SPOTTISWOODE (RANDONNÉE POUR UN TUEUR, DEMAIN NE MEURT JAMAIS) ne se prive pas de reprendre une grande partie des codes de son aîné.
Et quoi de mieux que la présence de la "scream queen" JAMIE LEE CURTIS pour raffermir ce lien de filiation direct ? Moins charismatique que dans le classique de John Carpenter, la jeune comédienne n'en demeure pas moins suffisamment énergique et attachante pour que le spectateur accepte de s'intéresser au sort de son personnage, à la fois instigateur et victime d'une vengeance orchestrée par un adepte des carnages en tout genre. Soit l'ingrédient de base de tout bon slasher qui se respecte.
Mais alors que l'on aurait logiquement pu s'attendre à une surenchère de violence graphique (le premier VENDREDI 13 vient tout juste de sortir), le film fait au contraire le choix d'éluder les homicides plutôt que de les décortiquer avec moult effets sanglants. Résultat : à quelques exceptions près, le gore est absent de la projection.

Malheureusement, si Halloween était parvenu à compenser cette absence de barbarie par une approche faisant la part belle aux mouvements de caméra menaçants, Le Monstre du train ne peut compter que sur une mise en scène paresseuse peinant à sustenter les apparitions du serial-killer. Dommage, un cadre aussi dédaléen aurait mérité une utilisation de l'espace autrement plus aboutie.
Pour autant, cette production américano-canadienne n'est pas dénuée de charme. Entre deux assassinats, tentatives d'assassinats, bluettes contrariées et autres beuveries, on savourera ainsi à loisir les tours de magie de David Copperfield, star de l'illusion dont l'habileté et le faciès ambigu (et prétexte à plus d'une interrogation) contribuent grandement à faire patienter le public jusqu'à la grande confrontation finale, morceau de bravoure dont aucun slasher ne saurait se passer.

Sans atteindre les sommets du trouillomètre, l'ultime partie constitue une très agréable surprise. Abandonnant la discrétion qui avait été la sienne pendant plus d'une heure, le tueur nous gratifie d'une conclusion placée sous le double signe de la brutalité (poussé dans ses derniers retranchements territoriaux, notre homme va enfin sortir de ses gonds, laissant exploser ses pulsions les plus barbares) et des révélations chocs sur son identité, une identité qu'un habile subterfuge aura réussi à camoufler.
Au final, malgré une mise en image limitée et une interprétation en dents de scie (hormis Jamie Lee Curtis, David Cooperfield et le vétéran BEN JOHNSON, aucun acteur ne crève l'écran), ce petit slasher a correctement su tirer parti de son cadre atypique et de la personnalité tourmentée de son boogeyman, "monstre" auquel on aurait tendance à pardonner bien des choses.

★★★☆☆