HALLOWEEN 2

À la recherche de Laurie Strode, transportée d'urgence à l'hôpital d'Haddonfield, Michael Myers va encore une fois se livrer à un jeu de massacre sans fin.

 

 

Réalisation : Rick Rosenthal

Scénario : John Carpenter et Debra Hill

Photographie : Dean Cundey

Musique : John Carpenter et Alan Howarth

Durée : 92 minutes

Production : Moustapha Akkad, John Carpenter et Debra Hill

Date de sortie : 1981

Genre : Slasher

 

 

Jamie Lee Curtis : Laurie Strode, Donald Pleasence : Sam  Loomis, Dick Warlock : Michael Myers, Charles Cyphers : Shérif Brackett, Lance Guest : Jimmy, Pamela Susan Shoop : Karen, Leo Rossi : Budd

 

HALLOWEEN 2 évolue dans un registre radicalement différent de son prédécesseur. Alors que le long-métrage de JOHN CARPENTER s'imposait comme un pur film d'auteur lyrique, cette séquelle se signale comme un slasher obnubilé par une seule ambition : la récupération mercantile. Les premières minutes, assez décevantes, donnent le ton.

Réintroduisant le croquemitaine MICHAEL MYERS dans le monde des vivants (soit le contre-pied parfait de la fin du premier opus, qui  flirtait ouvertement avec le fantastique), Halloween 2 se complaît à rester sur le plancher des vaches, pervertissant un héritage qui apparaît pour le coup bien mal géré. Jadis sporadiques et dédaléens, les fameux plans en caméra subjective trahissent un manque d'inspiration flagrant, le metteur en scène RICK ROSENTHAL s'emparant de ce gimmick dès que le boogeyman pointe le bout de son nez. Le procédé se révèle aussi lassant que bourratif. Même constat d'impuissance concernant l'envoûtant thème musical d'antan, désormais nappé d'arrangements synthétiques annihilant une bonne partie de son potentiel dramatique. Un choix incompréhensible.

Enfin, comme un malheur n'arrive jamais seul, on pourrait aussi méditer à loisir sur la juxtaposition (assez ratée) entre les deux épisodes. Quelques détails ennuyeux (la coiffure de LAURIE STRODE, l'emplacement du cadavre de Michael Myers, la disparition du plan révélant le visage de l'acteur TONY MORAN) traduisent un problème de continuité narrative d'autant plus incommodant que l'histoire d'Halloween 2 est censée se dérouler quelques secondes après celle de son grand frère.

Fort heureusement, les choses vont s'améliorer par la suite. S'il ne retrouve pas l'intelligence émotionnelle ni la puissance conceptuelle de son aîné, le long-métrage peut tout de même prétendre au statut de slasher assez recommandable.

Évoluant dans un hôpital dont les longs couloirs, les chambres, les salles opératoires, les locaux techniques, les instruments, et même les ascenseurs sont passés en revue avec une certaine habileté, le tueur au masque caoutchouteux nous sert sur un plateau des meurtres encore plus gratinés que précédemment.

Parmi les séquences macabres les plus réussies, on retiendra un très violent ébouillantage dans un bain à remous (clin d'œil à peine déguisé à l'un des homicides phares du classique LES FRISSONS DE L'ANGOISSE), une très piquante exécution à la seringue, et un drainage veineux débouchant sur une chute qui ferait presque sourire en d'autres circonstances. Sans surprise, le gore vient de faire son entrée dans la franchise. Malgré quelques aménagements, jamais plus il ne la quittera.

Côté suspense pur, il y a du bon et du moins bon. Si les courses-poursuites entre Laurie Strode (JAMIE LEE CURTIS, toujours charismatique, mais nettement moins investie que dans le premier opus) et le serial killer (incarné par un DICK WARLOCK beaucoup plus languissant et guindé que son prédécesseur NICK CASTLE) jouissent d'une utilisation de l'espace et d'une efficacité somme toute très professionnelles, on regrette que le long-métrage ait autant recours aux jump scares et aux effets-bus (le chat qui sort de la benne à ordures, l'ambulancier qui jaillit de son lit au moment où une douce infirmière s'approche de lui...) durant les scènes d'angoisse, ces procédés dénotant une envie de facilité typique d'un slasher lambda.

Reste un élément inchangé : SAM LOOMIS. Campé par un DONALD PLEASENCE dont le jeu a encore gagné en intensité, le personnage apporte une bonne dose d'émotion (la découverte d'un secret bien gardé va le pousser dans ses derniers retranchements) à un bis repetita qui aurait vraiment souffert de son absence. Par chance, le patriarche est toujours là. Grâce à lui, Halloween 2 se regarde avec un certain plaisir, et ce, même si l'on peste plus d'une fois devant son manque de finesse et son penchant commercial.

 

 ★★★☆☆

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Commentaires: 5
  • #1

    Raphaël (vendredi, 11 avril 2014 11:55)

    Je te trouve quand même assez dur... On dirait que tu l'aimes moins avec le temps, dommage. Personnellement, le fait de réutiliser la vue subjective, je trouve ça génial, c'est LA marque de fabrique de la saga, savoir que ce dernier vient de se relever, qu'il a 6 balles dans le bide et tout ce qu'on entend c'est sa respiration inquiétante. Quant à la musique, je trouvais ce choix judicieux, car avec cette ambiance plus oppressante et sombre qu'il y a dans Halloween 2 (ambiance très "halloweenesque"), la B.O de ce dernier le rend très angoissant. Après, on aime ou on aime pas, personnellement je suis fan. Reprendre là où le premier film s'est terminé était un choix génial et le film le gère très bien. Les premières séquences sont tout aussi effrayantes, et la prestation de Donald Pleasence est incroyable. Le Myers campé par Dick Warlock arrive encore à me donner des frissons, cette démarche lente et toute droite nous ferait vraiment penser à une ombre qui passe ; ça tombe bien, c'est The Shape. Moi, j'adore et je vénère Halloween 2, non pas parce qu'il a un côté gore, loin de là, mais par son ambiance, ses acteurs, sa musique, son obscurité et tout ce qui s'en suit. Le film a peut-être quelques défauts, mais comme son prédécesseur, il est pour moi une merveille horrifiante. Une suite vraiment parfaite, bien pensée, très bien réalisée et surtout... flippante.

  • #2

    theblackscreen (vendredi, 11 avril 2014 12:13)

    J'ai visionné Halloween 2 à la suite du premier, d'où cette déception encore accrue. Forcément, dans de telles conditions, tous ses petits défauts (Et Dieu sait qu'il y en a, surtout dans la première demi-heure) ont tendance à détonner encore davantage... Sinon, la chose que j'ai vraiment remarquée cette fois-ci est la prestation de Dick Warlock. Quelque chose cloche avec cet acteur. Tandis que Nick Castle faisait preuve d'une certaine vigueur dans ses déplacements (voir la scène du premier épisode où il descend à toute allure les escaliers pour tuer Laurie Strode), Warlock avance tel un pantin privé d'énergie, voire un automate. Sont-ce les six balles qu'il a reçues qui l'ont mis dans cet état ? Sincèrement, je ne pense pas, le personnage ne donnant pas le sentiment de souffrir d'une quelconque manière. En attendant, les faits sont là : Michael Myers ne possède pas la même carrure que son prédécesseur, un problème de taille vu que le long-métrage joue la carte de la continuité intégrale...
    À part ça, je trouve toujours le film aussi regardable qu'auparavant. Mais, encore une fois, peut-être aurait-il mieux valu ne pas le visionner à la suite du premier épisode.

  • #3

    Raphaël (vendredi, 11 avril 2014 12:29)

    Je trouve la démarche de Dick Warlock vraiment très inquiétante. Là où dans le 1 on voyait un Myers plus déterminé, ce qui justement, renforce le côté plus "humain" derrière le masque, dans Halloween 2 on a presque l'impression qu'il est guidé par un esprit. Après, on peut effectivement supposer que ce sont toutes ces blessures accumulées qui le rendent comme ça, ce qui n'est pas impossible, car difficile de se montrer fringuant avec 6 balles dans le corps. Après, les deux performances ne sont pas si éloignées : dans certains plans du 1, Myers a une démarche toute aussi droite et lente que dans cette suite (lorsqu'il monte les escaliers à la fin pour rejoindre Laurie cachée dans le placard ; lorsqu'il sort de sa voiture pour surveiller Annie...). Il a très souvent les bras collés au corps et une façon de marcher très apathique. George P Wilbur dans le 4 et Don Shanks dans le 5 en prendront d'ailleurs exemple, en bien. Sinon, en tant que suite directe, je trouve le film très bien géré. Les premières minutes donnent le ton et nous replongent aisément dans cette ambiance plus chaude des dernières minutes du premier. La construction elle-même du film est assez ressemblante (pas étonnant, Carpenter est au scénar') : comme dans le 1, Myers se cache un peu partout, il déambule un peu partout et décime les membres hospitaliers les uns après les autres, tout comme avec les amis de Laurie dans le premier. Ce qui prouve qu'encore une fois, il VEUT se retrouver seul face à elle, tout en la cherchant, il pense d'abord à éliminer les autres. Le fait de montrer des meurtres plus gores, méthodiques et acharnés dans ce volet peut aussi nous faire penser que Myers est frustré de ne pas avoir tué Laurie plus tôt à cause de l'intervention de Loomis. En tout cas, perso, je trouve que cette suite est encore loin du côté purement commercial du reste, elle apporte des éléments intéressants et importants et les exploite bien. Une séquelle qui fait bien honneur à son chef-d'œuvre de grand frère.

  • #4

    Marine (samedi, 12 avril 2014 18:45)

    J'en ai bien vu un lorsque j'étais assez jeune des "Halloween", mais alors lequel.... Malheureusement, je l'ignore =/ Je ne parviens pas à remettre le doigt dessus!

  • #5

    Dariofulcio13 (lundi, 28 avril 2014 22:51)

    Evidemment il était pratiquement impossible de refaire l'ambiance macabre et lourde de l'original mais cette première suite s'en tire avec brio au jeu des comparaisons. Si l'effet de surprise est effectivement dissipé (d'autant que depuis l'opus 1 les films d'horreur à base de psychopathes ont eut tendance à proliférer - "Vendredi 13", "Le Silence qui tue", "Le Monstre du train", "Le Bal de l'horreur", "Tourist trap" etc...), "Halloween II" constitue néanmoins une prolongation très ludique et globalement respectueuse du film de Carpenter. On pourra toujours lui reprocher son coté plus "terre à terre" que tu cites et qui dissipe quelque peu le charme ambigu initial (la rationalisation de son mobile notamment) ainsi que quelques détails techniques (Laurie Strode un peu laissée de coté pendant une bonne partie du métrage, la musique révisée au synthétiseur kitsch...), mais le film développe un climat volontiers malsain par moment, aura alimentée par les décors cliniques glauquissimes et l'ajout d'une touche gore très impressionnante (la séquence du jacuzzi chauffé au maximum). De même je trouve que le tueur a gagné en intensité - sa démarche de pantin désarticulé lui donnent réellement un coté encore plus irréel et donc flippant - ce qu'il a hélas perdu en complexité. Efficacité semble être le terme le plus approprié pour désigner cette première suite - la meilleure à mon avis - qui parvient sans problème à terrifier son public à défaut de proposer une innovation ou une personnalité vraiment propre.