HALLOWEEN, 20 ANS APRÈS

Laurie Strode tente d'oublier son passé dans la peau d'une directrice de collège. Essayant tant bien que mal d'éduquer son fils, la jeune femme va avoir l'occasion d'affronter ses démons. 

 

 

Réalisation : Steve Miner

Scénario : Matt Greenberg et Robert Zappia

Photographie : Daryn Okada

Musique : John Ottman et Marco Beltrami

Durée : 80 minutes

Production : Moustapha Akkad, Paul Freeman, Kevin Williamson, Malek Akkad

Date de sortie : 1998

Genre : Slasher

 

 

Jamie Lee Curtis : Laurie Strode, Josh Hartnett : John,  Janet Leigh : Norma Watson, Adam Arkin : Will Brennan, Michelle Williams : Molly Cartwell, LL Cool J : Ronny Jones,

 

HALLOWEEN, 20 ANS APRÈS est le film que tous les fans de MICHAEL MYERS et du classique de JOHN CARPENTER attendaient.
Quoiqu'assez traditionaliste, le long-métrage de STEVE MINER (HOUSE, VENDREDI 13 CHAPITRES 2 ET 3) réussit à nous réconcilier presque totalement avec le tueur en série le plus influent du slasher. Faisant fi des quatre volets précédents, la production reprend les choses sérieuses là où HALLOWEEN 2 les avaient laissées en suspense, balayant d'un revers de main deux décennies qui avaient tenté de maintenir à flot (avec plus ou moins de bonheur) l'idée de départ.
Un coup de balai salutaire pour l'aura de Michael Myers, renflammée par une approche retrouvant la simplicité et le mystère du premier épisode.

Shooté avec une minutie confinant à la déférence, l'homme au couteau se rend maître de la pellicule avec un charisme qui n'appartient qu'à lui, mis en relief par une réalisation et une photographie raffinées. Évoluant dans un cinémascope spacieux où les mouvements de caméra éthérés et les éclairages chiadés (éclairages adressant un hommage flamboyant au fameux "clair-obscur" cher au cinéma expressionniste) servent au mieux sa silhouette spectrale, Myers retrouve enfin un écrin à la hauteur de ses exigences. Visuellement parlant, Halloween, vingt ans après est donc une réussite qui parvient à honorer l'esthétique du premier volet sans toutefois marcher sur ses plates-bandes. On appréciera entre autres choses l'absence quasi totale de plans en caméra subjective, un gimmick devenu lassant à force de surexploitation.

Mais la filiation avec l'épisode de John Carpenter ne s'arrête pas à cette esthétisation à tout crin.
En réintroduisant le personnage phare de LAURIE STRODE (JAMIE LEE CURTIS, tout en nuances) dans le récit, ce septième opus satisfait un fantasme qui titillait les fans depuis des lustres : les retrouvailles entre la belle et la bête. À la différence près que l'attribution des rôles a quelque peu évolué depuis Halloween 2. Qu'il semble loin le temps où Laurie Strode (désormais mère de famille) jouait les vierges effarouchées. Qu'il semble loin le temps où Michael Myers tenait la vie de la jeune femme entre ses mains. Plaçant les deux éternels rivaux sur un pied d'égalité, la séquence finale brouille les repères à tel point que le spectateur finit par se demander si le chasseur n'est pas devenu le gibier et vice-versa.

Soigneusement chorégraphié, ce morceau de bravoure doit énormément à la composition de CHRIS DURAND, alias le Michael Myers le plus crédible que la franchise a connu depuis le premier épisode. Brutal, mais jamais bourrin, agile sans jamais remettre en cause la sombre lourdeur du croquemitaine, le comédien apporte une puissance souveraine aux vingt dernières minutes, lesquelles, portées par un souffle quasi épique, alignent les duels fratricides, les courses-poursuites effrénées, les clins d’œil au premier volet, les traquenards, les chutes dans le vide, les rictus vengeurs (Jamie Lee Curtis fait montre d'une énergie digne d'une tigresse blessée) et même les carambolages avec une rigueur implacable.

Si le film tout entier avait été à la hauteur de ce fantastique feu d'artifice final, il aurait presque pu rivaliser avec le classique de John Carpenter. Malheureusement, la présence de personnages secondaires assez superficiels (mention au facétieux RONNY JONES - LL COOL J -, gardien qui ne nous épargne aucune clownerie) et quelques faux raccords problématiques (plusieurs masques ont été utilisés durant le tournage, un détail que le montage a du mal à camoufler) pénalisent légèrement la portée du long-métrage. Sans parler de la petite tendance fleur bleue d'une partie du scénario, définitivement plus intéressant quand il décrypte les peurs de ses protagonistes que lorsqu'il décide de scruter leur vie sentimentale à la longue-vue. À ce titre, il faut bien avouer que les amourettes du jeune JOHN TATE (incarné par le débutant JOSH HARTNETT) ne sont guère passionnantes.

Malgré cela, Halloween 20 ans après a réussi son pari : enfanter un héritier à la fois digne, nostalgique (l'hommage rendu à feu SAM LOOMIS au début de la projection est très émouvant) et terriblement efficace.

En ce sens, il s'agit du meilleur épisode de la série avec le tout premier.

 

 ★★★

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Commentaires: 6
  • #1

    Raphaël (vendredi, 25 avril 2014 12:06)

    Voilà une excellente critique qui met bien en valeur ton opinion, que je partage dans 95% des cas (forcément, moi, je trouve que ce n'est pas Chris Durand mais Dick Warlock le meilleur interprète de Myers depuis le premier ; forcément, moi, je trouve que c'est le 2 et non pas cet H20 le meilleur opus avec le premier... :D). Sinon, je suis globalement d'accord avec la quasi-totalité de tes propos. Halloween 20 ans après est un excellent opus, s'inscrivant à merveille dans la modernité des films d'horreur des années 90 menée par l'excellent Scream, tout en y apportant une touche nostalgique qui, en effet, nous fait un petit peu rappeler le tout premier opus de la saga. Comme tu le dis, on regrettera quelques faux raccords (tu as notamment oublier de citer les mains de Myers qui sont ici toutes saines et proprettes, alors qu'il a brûlé sous les yeux de Laurie 20 ans plus tôt - chose que l'on nous rappelle dans le film -), mais aussi un masque principal auquel je n'adhère pas des masses (selon les plans), une musique un peu trop orchestrale à mon goût et aussi le fait que cet opus balaye un peu trop sévèrement les trois opus précédents, ce qui, certes, fera plaisir à certains, mais que je trouve assez dommage, car on ne peut pas oublier comme ça l'évolution de Myers et Jamie, la fille de Laurie (quand même !), même lorsqu'on repart sur de nouvelles bases (ce que le film fait très bien). Ça peut paraître assez compréhensible, mais cela reste assez regrettable quand même.
    Les jeunes comédiens s'en sortent très bien, et malgré ce côté très teen-movie, on s'intéresse à eux et on s'y attache, exactement comme dans le premier. Donc voilà, pas grand chose à dire de plus finalement, si ce n'est le plaisir intense que l'on a à revoir notre screamqueen fétiche plus déterminée que jamais, perdue entre sa volonté d'en terminer et sa peur constante. Bref, un très bon volet, nécessaire et réussi. Encore une fois, bravo pour cette excellente critique.

  • #2

    Raphaël (vendredi, 25 avril 2014 12:09)

    tu as notamment oublié *

  • #3

    Raphaël (vendredi, 25 avril 2014 12:15)

    Bon, après, j'avoue que le coup des mains non brûlées n'est pas vraaaaaiment un faux raccord. Steve Miner devait sans doute être un peu trop tête en l'air... Car oublier ce petit détail important, c'est pas rien!

  • #4

    theblackscreen (vendredi, 25 avril 2014 13:13)

    " (tu as notamment oublier de citer les mains de Myers qui sont ici toutes saines et proprettes, alors qu'il a brûlé sous les yeux de Laurie 20 ans plus tôt - chose que l'on nous rappelle dans le film"

    Ce n'est pas vraiment un faux raccord, mais plutôt une erreur de continuité entre les deux films. On pourrait aussi parler du fait que Myers a eu les deux yeux crevés à la fin d'Halloween 2... un petit détail qui ne l'empêche pas d'avoir une vision plutôt excellente :D
    En fait, quand je parle de faux raccord, je fais plutôt allusion à la scène où le tueur s'attaque au jeune Charlie Deveraux, parti récupérer un tire-bouchon dans l'évier. On passe d'un plan où le masque de Myers est plaqué sur son visage à un plan où le même masque est beaucoup plus flasque. Cette scène m'a toujours gêné.

  • #5

    Raphaël (vendredi, 25 avril 2014 13:15)

    "Ce n'est pas vraiment un faux raccord, mais plutôt une erreur de continuité entre les deux films. On pourrait aussi parler du fait que Myers a eu les deux yeux crevés à la fin d'Halloween 2... un petit détail qui ne l'empêche pas d'avoir une vision plutôt excellente :D"

    >> Oui, c'est bien pour ça que j'ai ajouté un troisième commentaire :D Et en effet, le coup des yeux m'a toujours gênée également, mais bon...

  • #6

    Raphaël (vendredi, 25 avril 2014 13:16)

    gêné * (j'ai du mal aujourd'hui -_-)