GRADUATION DAY

Le décès "naturel" d'une jeune coureuse inspire une série de meurtres inexpliqués dans un lycée et ses environs.

 

 

Réalisation : Herb Freed
Scénario : David Baughn, Herb Freed, Anne Marisse

Photographie : Daniel Yarussi

Musique : Arthur Kempel

Durée : 95 minutes

Production : David Baughn, Herb Freed, Hal Schwartz

Date de sortie : 1981

Genre : Slasher

 

 

Patch Mackenzie : Anne Ramstead, E. Danny Murphy : Kevin Badger, Christopher George : George Michaels, Michael Pataki  : principal Guglione, E. J. Peaker  :  Blondie, Denise Chesire  :  Sally

GRADUATION DAY est l'un des slashers les plus paresseux de sa génération. À côté de lui, les déjà nonchalants THE PROWLER (1981, JOSEPH ZITO) , VENDREDI 13 : MEURTRES EN 3 DIMENSIONS (1982, STEVE MINER) et THE BURNING (1981, TONY MAYLAM) passeraient presque pour des foudres de guerre. C'est dire l'étendue des dégâts.
Réduite à sa portion la plus mince, la terreur ne fait guère d'étincelles, à la fois mal filmée et mal introduite par un réalisateur et des scénaristes qui semblent improviser au fur et à mesure que les minutes s'égrènent. Frôlant régulièrement la parodie, cette production TROMA (studio spécialisé dans le trash d'exploitation) consterne donc plus qu'elle n'effraie. Il faut dire que le scénario est un summum de portnawak assez hallucinant dans son genre.

Point positif : un argument de base un peu plus original que les petits copains de l'époque - le long-métrage prend racine dans le milieu relativement frais de l'athlétisme.
Points négatifs : une insipidité et une lourdeur qui ne se démentent pas jusqu'à l'apparition du mot FIN. Entre deux mises à mort assez softs, il va falloir se taper les bobos et contrariétés d'une galerie de personnages plombés par un scénario ne sachant pas comment les mettre en valeur.
Étrangement présentée, l'héroïne ou plutôt pseudo-héroïne (ANNE RAMSTEAD, alias la sœur de la jeune coureuse morte de "causes naturelles" durant la première bobine) donne le sentiment de flâner sur les grands boulevards alors que l'on espérait d'elle un investissement à la hauteur de sa peine.
Un détachement d'autant plus problématique que personne ne semble être en mesure de donner corps au film. Ni le très cabotin proviseur, ni le fadasse boyfriend de la sprinteuse décédée, ni le fringant inspecteur de police, ni le coach perfectionniste du lycée, ni le grotesque prof de piano, tous sous-exploités par une trame qui sert de ses protagonistes comme d'une cale en attendant que les choses bougent un peu.

Petit problème, Graduation day ne décolle jamais.
Platement shootés et souffrant d'un manque d'imagination flagrant, les homicides se succèdent sans parvenir à créer un commencement d'angoisse chez le spectateur. Et pour cause, l'arsenal du grand manitou de l'histoire n'a rien de très oppressant. En dépit de deux objets assez atypiques revenant tels des leitmotivs (un fleuret et un chronomètre), notre criminel peine à s'extirper de sa routine macabre, tuant ses victimes avec la même hâte (le montage des meurtres est très cut) qu'un fonctionnaire pressé d'en finir avec sa journée de travail.
On a connu des tueurs plus charismatiques et virulents, c'est indéniable.
Mais il y a encore plus grave : jamais la forme du long-métrage ne montre sa capacité à générer un semblant de tension. Massacrées par des ralentis insupportablement maniérés et un montage haché d'un autre temps donnant parfois le tournis, les supposées scènes frissonnantes portent rapidement sur les nerfs. À l'instar du 100 mètres introductif ou de la séance d'entrainement d'une athlète stressée sur des barres asymétriques, les images évoquent plus un joyeux patchwork taillé à coups de serpe qu'une vraie succession de plans professionnels.
Dans de telles conditions, les quelques rares bonnes idées du film (les meurtres ont lieu principalement le jour ; les motivations de l'assassin tiennent à peu près la route) échouent à prendre l'avantage sur l'écrasante morosité qui suinte de la pellicule. Une morosité que même plusieurs pompages éhontés d'ALFRED HITCHCOCK (la musique de SUEURS FROIDES et un cadavre décomposé tout droit sorti de PSYCHOSE se tapent l'incruste dans les dernières minutes) ne parviennent pas à égayer.

Il y a des jours où rien ne fonctionne dans le petit univers du slasher. Graduation day en est la preuve vivante. En vertu de quoi on préfèrera déserter la remise des diplômes.

 

☆☆☆

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Commentaires: 1
  • #1

    Dariofulcio13 (lundi, 07 décembre 2015 18:55)

    Coucou!

    Déjà un grand merci pour ton super commentaire (un peu en retard désolé, plus trop de temps de me connecter ces derniers temps ;) )! Double joie: je constate que tu as retrouvé ton inspiration pour prendre la plume, ça fait plaisir à voir !!!

    Bon je viens de parcourir ton avis...du coup je me sens un peu mal d'être à l'origine de ton supplice^^(mais bon j'imagine que tu aurais fini par le voir de toute façon).

    Pour ma part j'ai pris ce film pour ce qu'il est: une petite série B fauchée sans prétention. Par rapport à pas mal de navets sortis durant cette décennie (je pense notamment à "The Majorettes", "Radio crochets" et "Blood sisters") je lui ai trouvé un certain charme. Il ne fait absolument pas peur, ne distille aucun suspense et les acteurs sont clairement en mode "roue libre"...mais j'ai bien aimé les quelques idées originales ponctuant le script (le parallélisme avec l’athlétisme, l'inventivité des meurtres même si très soft) ainsi que le côté dynamique du montage voire son aspect décomplexé (la poursuite finale qui en fait des tonnes). Ce n'est évidemment pas le haut du panier mais avec un peu d'indulgence ça passe plutôt bien...enfin à mon avis :P