THE FINAL GIRLS

Une jeune fille venant de perdre sa mère se retrouve projetée dans le film où elle jouait jadis, le cultissime et gore "Camp Bloodbath". 

 

 

Réalisation : Todd Strauss-Schulson
Scénario : Joshua John Miller

Photographie : Elie Smolkin

Musique : Gregory James Jenkins

Durée : 91 minutes

Production : Michael London et Janice Williams

Date de sortie : 2015

Genre : Slasher sentimental

 

 

Taissa Farmiga : Max Cartwright, Malin Åkerman : Nancy / Amanda Cartwright, Alexander Ludwig : Chris Briggs, Nina Dobrev : Vicki Summers, Alia Shawkat : Gertie Michaels, Thomas Middleditch : Duncan Michaels, Adam DeVine : Kurt, Angela Trimbur : Tina, Chloe Bridges : Paula

 

 

THE FINAL GIRLS n'a rien d'un slasher conventionnel. Décidé à élargir les frontières d'un genre trop souvent prisonnier de ses propres limites, il propose un spectacle dont la variété force le respect. Parodie, drame, horreur, fantastique, comédie : ses angles d'attaque sont aussi nombreux qu'étonnants. Jamais on n'aurait pensé que le "CAMP BLOODBATH", alias le décor où se déroule 80% de l'action, serait propice à un tel fourmillement d'idées. Véritable emblème du "summer camp slasher" (genre immortalisé par le premier VENDREDI 13) dans ce qu'il peut avoir de plus régressif et codifié, le lieu est revisité avec délice par un scénariste connaissant ses classiques à la perfection. Tous les types de personnages inhérents au genre sont passés en revue avec un sens du détail réjouissant. Ils sont tous là : l'obsédé sexuel adepte de l'embrochage à la chaîne, la bimbo soudée à son diaphragme et à son walkman, la jeune niaise affublée de sa guitare et de son sourire ultra brite, le black permanenté qui attend sagement la mort dans son coin, et la nana burnée derrière laquelle il vaut mieux rester groupé si l'on veut avoir une petite chance de survivre au massacre qui se profile à l'horizon. Sans oublier le grand cinglé de l'histoire, plutôt cocasse sous son masque d'Inca, déguisement lui permettant de cacher les terribles blessures que lui ont infligées ses vieux amis moniteurs.
Oui, mais voilà, The Final Girls ne se contente pas de jouer la carte de la simple parodie roborative. En orchestrant une rencontre entre la bande de joyeux débiles suscités et une autre bande de jeunes plus contemporaine, le film prend le risque d'exploser toutes les limites du continuum espace-temps et de la logique. Passée la surprise causée par un rebondissement abracadabrantesque (pour échapper à un incendie dans un cinéma, de jeunes cinéphiles vont se retrouver projeter en plein cœur de l’œuvre qu'ils étaient en train de visionner), on constate assez rapidement que la production n'entretient que peu de rapports avec le slasher lambda, et ce, même si la sincérité de son hommage ne saurait être remise en cause. Plus sérieuse et surtout plus chiadée que la majorité de ses collègues de travail, elle semble plus concernée par la relation unissant une ado à sa mère que par les débordements propres au genre - le sexe et le gore sont aux abonnés absents. En clair, malgré quelques savoureux anachronismes dus à la présence d'objets n'ayant rien à faire en 1986 (hilarante découverte d'un smartphone par une ravissante idiote persuadée qu'elle tient entre ses mains une cassette audio) et une poignée de courses-poursuites trépidantes entre les jeunes et le tueur en série, The Final girls n'est pas vraiment le long-métrage que l'on attendait.
Au centre de tous les enjeux dramatiques, le face à face entre MAX CARTWRIGHT (TAISSA FARMIGA, comédienne qui ressemble étrangement à la JENNIFER LOVE HEWITT de SOUVIENS-TOI L'ÉTÉ  DERNIER) et AMANDA / NANCY CARTWRIGHT (MALIN AKERMAN, touchante) donne naissance à des scènes empreintes de poésie et d'émotion. Au départ désorientée par le fait d'avoir été projeté dans le slasher où jouait sa mère, ex-starlette des années 80 récemment morte dans un accident de voiture, Max va progressivement profiter de cette main tendue par le destin pour découvrir qui était vraiment sa génitrice et l'empêcher de décéder dans le film... en espérant que cette renaissance se répercutera également dans la vraie vie. Petit problème : comment influer sur la pellicule, objet qui, par définition, obéit à une durée et à des préceptes gravés dans le marbre ? Car s'il semble évident que Max et ses copains geeks connaissent sur le bout des doigts toutes les ficelles du film dans lequel ils ont basculé (aucun des personnages ne doit coucher, sinon, le meurtrier apparaîtra dans les secondes qui suivront !), rien ne nous permet de penser qu'ils vont réussir à métamorphoser le déroulement des évènements. Quoique, les choses ne sont peut-être pas aussi statiques que ça. Après tout, ne peuvent-ils pas interagir avec leur environnement en donnant des conseils aux différents protagonistes ?
Jouissant d'une mise en scène virtuose (survitaminée, la caméra rivalise d'ingéniosité pour dénicher les angles de vue et les travellings les plus spectaculaires) et d'une photographie inspirée faisant la part belle aux couleurs fiévreuses ou grisâtres (les flashs-back sont tout bonnement superbes), The Final girls se savoure donc avec un vrai plaisir. Seule ombre au tableau : on aurait aimé qu'il se montre encore plus déconneur dans sa partie parodique et un peu moins sérieux dans sa partie dramatique, une certaine rigidité émanant de sa personne dans les dernières bobines, presque trop solennelles.
Résultat : ce "film dans le film" à la fois cocasse et poétique mérite assurément sa place parmi les slashers les plus atypiques du genre.
 

★★★☆☆ 

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Commentaires: 5
  • #1

    Marine (vendredi, 29 juillet 2016 05:42)

    A nouveau, ce n'est pas vraiment le genre cinématographique qui me convient le mieux, mais le synopsis éveille en moi un certain intérêt. Pourquoi pas le voir, si j'en ai l'occasion! :)

  • #2

    Allan (jeudi, 11 août 2016 02:25)

    Serais-tu mort ?

  • #3

    Dariofulcio13 (samedi, 20 août 2016 19:57)

    Voilà un film qui dort dans mon DD depuis des mois et des mois. Ce n'est pas faute d'avoir reçu des recommandations de la part de plusieurs sources (dont tu fais partie) mais c'est curieux je n'arrive pas à me décider :/

    Pourtant je suis très fan du genre - surtout quand on lui apporte un peu de fraîcheur - et autant de Taissa Farmiga dont j'ai apprécié les prestations dans les "American horror story" et le thriller "Mindscape". Un air avec "Jennifer Love Hewitt? Peut-être, perso j'aurais plus tendance à la comparer avec Alycia Debnam-Carey que j'ai découvert dans "The Devil's hand" (un autre slasher hybride d'ailleurs lol mais certainement moins bon que celui-ci).

    Bon promis je saute le pas avant la fin de l'année^^

  • #4

    horrorchamber (dimanche, 21 août 2016 09:54)

    "Sympatoche" même si on ne s'éclate pas vraiment, le film a pour lui une certaine fraîcheur.

  • #5

    Marine (mardi, 20 juin 2017 09:53)

    Tiens, un 2015! Mais il ne me parle pas pour autant... Enfin, je retiens ton avis si je croise ce film en tout cas ;)