OPERA

Betty, une jeune cantatrice débutante, se voit confier le rôle principal de Macbeth. Le soir de la première, des évènements étranges se produisent. Le lendemain, le cadavre d'un technicien est retrouvé. Suite à de mystérieux appels téléphoniques, Betty comprend qu'elle est la victime d'un jeu pervers qui est lié à son enfance. 

 

 

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Dario Argento et Franco Ferrini

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Claudio Simonetti

Durée : 107 minutes

Production : Dario Argento et Ferdinando Caputo

Date de sortie : 1987

Genre : Giallo

 

 

Christina Marsillach : Betty, Ian Charleson : Marco, Urbano Barberini : Alan Santini, Daria Nicolodi : Mira, Coralina Cataldi-Tassoni : Giulia

 

Avec OPERA, l'art de DARIO ARGENTO vient de franchir un palier supplémentaire vers le baroque le plus flamboyant. Éblouissante, la mise en scène s'affranchit de toutes les limites territoriales, se faufilant dans les moindres recoins d'un opéra transformé pour l'occasion en un gigantesque tombeau. Jamais les travellings du maestro n'auront été aussi reptiliens. Jamais la vue subjective ne se sera exprimée avec autant de frénésie. Jamais les angles de prise de vue n'auront été aussi intenses. Jamais les plans-séquences n'auront été plus virtuoses. En définitive, jamais les décors (la reconstitution du MACBETH de WILLIAM SHAKESPEARE est remarquable) et les tourments de l'âme humaine n'auront été explorés avec autant de véhémence.

Touchée par la grâce divine (ou plutôt par le souffle de Satan), la caméra de Dario Argento s'impose donc comme la plus grande force d'un giallo qui, s'il déploie une beauté plastique sans égal, ne peut malheureusement pas totalement faire oublier la paresse de son scénario. Car même avec la meilleure volonté du monde, on ne pourra pas faire l'impasse sur les imperfections du script. Plombé par quelques fâcheuses invraisemblances (dans son genre, l'épilogue est un monument de relâchement intellectuel) et une tendance à la répétition agaçante (deux meurtres sont construits sur le même gimmick), le scénario d'Opera témoigne d'un manque de rigueur évident. Dario Argento aurait-il été grisé par le cadre somptueux de son opéra au point de négliger l'ossature de son bébé ? C'est possible.

Malgré tout, le film dégage une aura de mystère et une poésie macabre à laquelle il est très difficile de résister. Comme d'habitude avec le metteur en scène, l'horreur est sublimée par une esthétisation à tout crin de la violence, esthétisation permettant de supporter les mutilations les plus douloureuses. Et Dieu sait qu'Opera en est rempli. Parmi les séquences les plus marquantes, on retiendra un très spectaculaire lâcher de corbeaux sur les spectateurs et une tétanisante séance de voyeurisme durant laquelle la jeune héroïne (BETTY, incarnée par CHRISTINA MARSILLACH) va devoir assister au massacre de son boyfriend, réduit en bouillie par la lame d'un tueur démarquant les exploits du fantôme de l'opéra avec un talent certain.

Qui est-il ? Pourquoi a-t-il décidé de persécuter Betty au point de lui faire perdre la raison ?

Comme de coutume avec le cinéaste, grand amateur de secrets enfouis dans l'inconscient (les flashs-back ne sont pas sans rappeler ceux de TÉNÈBRES), la réponse se trouve dans un passé très lointain.

Avec un scénario plus abouti, Opera aurait eu toutes les chances de devenir l'un des plus beaux chefs-d'œuvre du transalpin. En l'état, c'est-à-dire avec ses faiblesses d'écriture, il se savoure tout de même comme l'une des derniers bons giallos de son auteur, qui attaquera la décennie suivante avec une inspiration malheureusement rabougrie.

 

★★★★☆

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Commentaires: 7
  • #1

    Sylvie (jeudi, 20 février 2014 20:42)

    Bonjour,
    Ce film contient deux des plus belles scènes du cinéma du genre, le reflet dans l’œil du corbeau et cette balle à travers le judas, l’œil et la pièce... quand même !! Puis il a un je-ne-sais-quoi en plus, je l'adore et plus encore quand on en dit du mal ;))

  • #2

    theblackscreen (jeudi, 20 février 2014 20:53)

    Salut Sylvie !
    Oui, tu as raison, ces deux "gimmicks" sont excellents. Mais Opera est rempli de tant de trouvailles visuelles étonnantes qu'il serait presque impossible de toutes les énumérer. Au fait, tu es une fan de Dario Argento ?

  • #3

    Sylvie (vendredi, 21 février 2014 14:47)

    Oui j'aime beaucoup son cinéma en effet, sa façon de saturer les couleurs et le reste aussi ;) Mais bizarrement je me suis arrêté avant qu'il ne soit si "mauvais" comme tout le monde semble le prétendre, et du coup ça me donne encore plus envie de m'y intéresser de plus prêt, donc, une affaire à suivre pour moi... ;))
    Merci pour les commentaires, je vais y répondre de ce pas.
    à bientôt

  • #4

    Marine (lundi, 24 février 2014 20:30)

    J'ignore si ce film tombera entre mes mains, mais il me tente!

  • #5

    theblackscreen (lundi, 24 février 2014 21:11)

    Marine : Opera est un film assez difficile à dénicher. Encore plus si tu souhaites le visionner en version française - il est sorti en VHS à la fin des années 80 sous le titre Terreur à l'opéra. Me concernant, je le visionne toujours en DVD Zone 2 italien (acheté à Turin il y a une dizaine d'années).
    Par contre, je croyais que tu étais allergique aux films d'horreur ? :D

  • #6

    Laura (vendredi, 07 mars 2014 12:48)

    Je ne pense pas que le but du film soit de "divertir". Ou alors pas uniquement. En ce qui me concerne, je m'attendais à un long-métrage différent de tout ce que la saga Alien avait proposé par le passé et j'ai été servi. En quête de pureté, Ridley Scott nous invite à redécouvrir un mythe qui, pour le coup, apparaît presque comme vierge et donc quasiment infini en possibilités - la fin ouvre une brèche laissant augurer du meilleur pour la suite de la franchise. Évidemment, Prometheus n'égale pas Alien, le huitième passager (Noomi Rapace ne sera jamais Sigourney Weaver ; comme tu l'as souligné, il y a quelques longueurs), mais dans l'ensemble, il s'agit d'un reboot vraiment intéressant.

    > Ah oui voilà, c'est vrai qu'après je ne m'étais pas forcément détachée suffisamment d'Alien, je pense que ma déception repose également là dessus. C'est vrai que se détacher d'une saga quand on regarde son prequel est asez compliqué, et peut-être qu'en le re-regardant avec des yeux neufs je me ferai une opinion plus objective. C'est sûr que si tu t'attendais à quelque chose de complètement différent, tu as du être servi. On retrouve malgré tout une ambiance assez oppressante, mais dont les possibilités sont très vastes, comme tu le soulignes. C'est donc normal qu'il ne pouvait satisfaire tout le monde (comme tous les films ceci dit hahah).

  • #7

    Laura (vendredi, 07 mars 2014 12:49)

    En ce qui concerne ce film, Opera, j'avoue que je ne connaissais pas du tout ! Mais il me tente beaucoup, ca m'a l'air d'être mon genre de films. Je le mets sur ma (loooongue) liste !